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Coronavirus : risque-t-on une extinction de l’éclairage public ?

Faut-il couper l'éclairage public et privé d'une commune en confinement ? Exemples de pratiques à travers la France, pendant la pandémie du Coronavirus.

Depuis quelques semaines de Coronavirus, une question se fait de plus en plus pressante chez les citoyens. Faut-il couper l’éclairage public et privé d’une commune en confinement ? En fait, tout est question de trois paramètres :

  • échelle urbaine,
  • usages nocturnes de la cité,
  • technologies d’éclairage de la commune.

Pour ou contre une extinction en éclairage public et privé, tour d’horizon des pratiques en France ces trois dernières semaines.

Pas d’extinction pour le confort visuel et la sécurité routière

Loire Atlantique, Nantes Métropole, 646 522 habitants (2017). « Chaque fois qu’on peut ne pas éclairer, on le fait déjà. […] Tout ce qui reste éclairé, l’est pour le confort et la sécurité de la circulation » raconte Philippe Gallot, directeur de l’espace public de l’agglomération à France 3 le 31 mars 2020. Ceci pour les personnes qui se déplacent la nuit dans la ville : les soignants, les pompiers, la police…

 

Ainsi, à l’extérieur du boulevard périphérique de Nantes, dans 21 communes de l’agglomération, des quartiers entiers sont déjà éteints entre minuit et 6h du matin. « Nantes, Rezé et Saint-Sébastien-sur-Loire sont l’exception », précision faite à Ouest-France le 2 avril 2020.

De plus, dans de nombreuses communes de France, impossible de couper facilement l’éclairage public ou les monuments avec un seul bouton on/off. En pratique, la réponse devient humaine et technologique. En effet, il faudrait planifier environ une heure d’intervention par armoire électrique (200 à Alençon, 2000 à Nantes Métropole) pour couper plus tôt l’éclairage extérieur. Mais les équipes des services techniques sont souvent missionnées ailleurs sur des choses plus prioritaires pendant la pandémie. Ce que résume très bien la ville des Herbiers en Vendée, 15992 habitants (2015) : pourquoi le maintien de l’éclairage public est indispensable, Les Herbiers, le 5 avril 2020.

 

Extinction des feux avec pilotage centralisé en éclairage public

Alors, en cas de force majeure comme le Covid-19 quatre options de l’éclairage public deviennent ici de sacrés avantages :

Si certaines des 35416 communes de France en sont équipées, par lieu, par quartier ou par territoire, ce n’est pas la majorité encore dans notre pays.

Prenons la cas de la Côte d’Azur. « La ville de Cannes a décidé d’éteindre l’éclairage décoratif et de réduire celui des promenades piétonnes en cette période de confinement » annonce Nice Matin le 28 mars 2020. Cette commune possède un système de pilotage centralisé en éclairage public de BH technologies.

À Cannes, l’intensité lumineuse est réduite de 20% sur les cheminements piétons. « Il faut envoyer un signal fort à la population pour le respect du couvre-feu. Il est impératif de rester chez soi pour la protection de tous », précise la ville de 74285 habitants (2015).

Couvre feu se combine alors avec extinction des feux, de 23h à 5h du matin. C’est le cas à Nice, Vallauris, Menton, Mougins, Roquebrune-sur-Argens (Alpes-Maritimes), Bandol et Pourrières (Var) décrit RTL le 21 mars 2020.

Place Bellecour, Lyon – Conception lumière LEA © Vincent Laganier

 

Dans la capitale des Gaules, des éclairages urbains connectés sont déjà mis en oeuvre à Lyon depuis des plusieurs années. Trois exemples :

Éclairage urbain LED, niveau de veille, rue du quartier Monchat, Lyon, France © Vincent Laganier

Couvre-feu symbolique dans un village

À l’échelle d’un village, le nombre d’armoire électriques qui contrôlent l’éclairage public est souvent très réduit. Ce qui permet au cantonnier ou à l’employé municipal de faire la modification nécessaire rapidement pour programmer l’extinction. Voici quelques exemples pour des petites communes.

Marne, Sainte-Menehould, 4164 habitants (2015). « Sur proposition d’une conseillère fraîchement élue, la municipalité a décidé d’interrompre le fonctionnement de l’éclairage public sur l’ensemble de la ville » explique L’Union du 19 mars 2020.

Pas-de-Calais, dans un village de 231 habitants, « les élus coupent l’éclairage public d’Humières, les économies reversées au personnel soignant », annonce la Voix du Nord du 23 mars 2020.

Sarthe, pour le mairie de Mamers, commune de 5304 habitants (2015), « éteindre la lumière, c’est aussi marquer physiquement le confinement, un couvre-feu symbolique », explique Frédéric Beauchef dans Ouest-France du 31 mars 2020.

Hérault, le village de Castelnau-de-Guers, 1170 habitants (2015) est encore éclairé avec des lampes à décharge haute pression. « La municipalité informe la population qu’en raison du confinement et pour des économies d’énergie l’éclairage public sera éteint de 23h à 6h à compter du 2 avril » annonce le Midi Libre du 2 avril 2020.

Côtes-d’Armor, le village de Saint-Méloir-des-Bois, de 300 habitants, « c’est une manière de rendre le confinement concret », explique le maire Michel Desbois. « C’est un peu triste, mais on doit rester chez soi. Avec le passage à l’heure d’été, il fait jour de 7h30 à 21h, c’est suffisant » dans Ouest-France du 2 avril 2020.

 

Extinction en éclairage public et privé ?

En Normandie, « la Communauté urbaine d’Alençon (CUA) a fait le choix il y a quelques années, de passer en éclairage LEDs ce qui a permis d’apporter une forte réduction des puissances en place. La coupure franche apporterait peu d’économie de consommation électrique ». Dixit Gilles Ravinet, directeur général des services de l’agglomération de 56511 habitants (2016) dans un article de Ouest-France du 30 mars 2020.

Pour mémoire, l’éclairage privé des vitrines de magasins, de commerce ou d’exposition devrait être éteint depuis longtemps. En effet, d’après l’arrêté du 27 décembre 2018, « l’extinction doit avoir lieu 1 h après la cessation de l’activité ».

 

En cette période de confinement ou de nombreux commerces sont fermés, ils ne devraient donc pas être allumés. Pour en savoir plus, relire notre article de synthèse quand allumer et éteindre l’éclairage extérieur ?

À Lyon, les habitants ont recyclé les bougies des déplacements royaux aux fenêtres. Le lumignon est devenu la tradition de la Fête des Lumières ensuite depuis 1952.

 

Alors, quel éclairage public et privé en temps de confinement dû au Coronavirus ? Partagez votre opinion ci-dessous en commentaire de l’article.

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Équipe du projet

Maîtrise d'ouvrage Nantes Métropole Ville de Cannes Ville de Nice Ville de Lyon Ville de Sainte-Menehould Village d'Humières Ville de Mamers Village de Castelnau-de-Guers Village de Saint-Méloir-des-Bois Communauté urbaine d’Alençon Eclairage public Lyon

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Rédacteur en chef et éditeur du portail Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste par passion depuis 1997 en Europe. Auteur de sept ouvrages de référence sur la lumière, l'éclairage, la ville et le bâtiment. Enseignant en éclairage à l’ENSA Nantes et à l’ENSATT Lyon.
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