Révolution LED au musée d’Art contemporain du MAC Lyon
Le musée d’Art contemporain de Lyon, MAC Lyon, est déjà bien connu pour sa proactivité en matière d’innovation artistique. Sous l’impulsion de sa directrice, Isabelle Bertolotti, et de son directeur technique Olivier Emeraud, avec le soutien de la Ville de Lyon, un projet ambitieux de rénovation de son système d’éclairage a été entrepris. La technologie LED est désormais installée dans toutes ses galeries. Cette initiative s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la qualité visuelle des œuvres exposées. Elle répond également à un engagement écologique profond visant à réduire l’empreinte énergétique du musée. Visite de cette réalisation avec les acteurs des changements, pour évoquer leurs méthodes et leurs choix techniques.
Éclairage des galeries du MAC Lyon
L’éclairage joue un rôle crucial dans la mise en valeur des œuvres d’art. Auparavant, le MAC Lyon utilisait des projecteurs quartz consommant énormément d’énergie pour un rendu souvent peu satisfaisant. « Nous avions des projecteurs halogènes de 350 W », explique Olivier Emeraud. « On est maintenant descendu à 32 W avec un meilleur rendu lumineux grâce aux LED. » Ce changement affecte non seulement la qualité de l’éclairage, mais aussi l’ambiance générale des salles, permettant une vraie mise en valeur des pièces contemporaines exposées.
Rénovation en LED de l’éclairage du musée
La transition vers l’éclairage LED s’inscrit dans une perspective de durabilité et d’efficacité énergétique. Isabelle Bertolotti souligne l’importance de cette initiative : « Le passage à la LED est un geste important, une volonté forte de notre part en adéquation avec les valeurs défendues par les artistes que nous présentons. » Ce projet a été mis en œuvre en collaborant étroitement avec des fabricants de luminaires français spécialisés pour adapter les systèmes d’éclairage aux exigences spécifiques du musée d’Art contemporain de Lyon.
20 % d’économies d’énergie sur trois ans
Grâce à cette rénovation, le musée a réalisé des économies d’énergie significatives, réduisant ses dépenses en énergie de 20 % depuis 2019. Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon délégué à la transition écologique, a renforcé cette perspective en ajoutant que « ces économies sont autant financières qu’écologiques, permettant de réduire l’impact environnemental tout en améliorant le service public offert par le musée ».
Qualité de la lumière au MAC Lyon
Température de couleur au musée d’Art contemporain de Lyon
« La différence pour moi, c’est le choix de prendre du 4 000 K, même si l’on a quelques projecteurs encore en 3 000 K », explique Olivier Emeraud, soulignant l’importance de la température de couleur dans l’éclairage des œuvres.
En effet, le musée d’Art contemporain de Lyon a opté pour des LED, car elles offrent non seulement une meilleure efficacité énergétique, mais aussi une qualité supérieure de lumière.
Indice de rendu des couleurs
Dans ce sens, une attention particulière a été portée à l’indice de rendu des couleurs. L’IRC, essentiel dans les musées, mesure la capacité d’une source lumineuse à restituer fidèlement les couleurs des objets comparativement à la lumière naturelle.
« L’IRC est proche de 99, comparable à la lumière du soleil », affirme-t-il, ce qui souligne l’importance de choisir des éclairages qui respectent l’authenticité des œuvres exposées. Cela est particulièrement crucial dans un musée d’art contemporain où les nuances des créations doivent être perçues telles qu’elles sont pensées par l’artiste.
Choix de projecteurs 100 % LED
Le choix des projecteurs a été minutieusement étudié pour répondre aux besoins précis du musée d’Art contemporain de Lyon. Dans le cadre de son projet, le directeur technique a choisi de procéder à une évaluation approfondie des différents modèles disponibles des quatre principaux fabricants français. Il s’est concentré sur la technologie LED en prenant en compte des critères tels que l’IRC et la consommation d’énergie, afin de sélectionner le fabricant qui répondait le mieux à ses exigences techniques et esthétiques pour ce projet précis. Comme l’indique Olivier Emeraud, « il est crucial d’avoir un équipement qui permet de sculpter la lumière sans dépenser excessivement ».
Il s’est finalement orienté vers une fabrication de projecteurs LED muséographiques sur mesure en collaborant directement avec l’un des fabricants français.
Conception des projecteurs avec Procédés Hallier et Ramo Industries
Phase 1 de la rénovation LED
Depuis 2020, en collaboration étroite avec le fabricant Procédés Hallier, filiale du groupe Lucibel, le directeur technique a passé environ un an et demi à parfaire le remplacement des projecteurs quartz choisis.
Dans cette première phase, pour répondre aux exigences spécifiques du macLyon, le processus de conception a été un cycle approfondi d’itérations. Des modifications comme l’ajout de volets ont été réalisées pour améliorer la fonctionnalité du projecteur Leloled 32 W.
Mais pour un éclairagiste, ils génèrent de nombreuses fuites de lumière et des ombres indésirables du corps de l’appareil aux alentours. De plus, elles ne sont pas toujours très heureuse au plafond du musée selon l’implantation des projecteurs.
Heureusement, seul les professionnels de l’éclairage lèvent la tête en l’air. Le public de l’art contemporain est d’abord là pour les artistes et les œuvres exposés.
Phase 2 de la rénovation LED
Dans une deuxième phase, les projecteurs cadreurs sont passés en LED en 2023.
- Remplacement de 100 projecteurs cadreurs de 75 W par 100 projecteurs LED cadreurs Fenyx de 25 W.
- Remplacement de 50 projecteurs cadreurs de 90 W par 30 projecteurs LED cadreurs Fenyx Plus de 35 W.
Phase 3 de la rénovation LED
Dans une troisième phase, les petits projecteurs d’accentuation sont passés en LED.
- Remplacement des 50 et 100 W halogènes dichroïques par des projecteurs LED de chez Ramo Industries, Opus 7 W et Stef 15 W.
Investissement éclairage au macLyon
L’investissement de la Ville de Lyon pour moderniser et optimiser l’ensemble de l’éclairage du musée d’Art contemporain est conséquent. Sur trois années d’investissement (2021-2023), le « montant des travaux est de 400 k€ », déclare Sylvain Godinot. « Réalisés au fur et à mesure depuis 2020, les travaux ont déjà permis de faire 198 526 kWh d’économies, soit un coût évité de 65 000 € par an. »
- En octobre 2023, le remplacement de 560 luminaires par des LED avait déjà été effectué.
- En avril 2024, Lucibel déclare que près de 940 projecteurs LED sont installés au macLyon.
Tous les projecteurs installés sont pilotables individuellement, permettant des ajustements précis selon les besoins spécifiques de chaque exposition ou œuvre.
À l’exception des LED importées de Corée, tous les composants sont fabriqués et assemblés en France. Ce projet souligne l’importance de l’industrie française pour les institutions culturelles tout en soutenant l’économie nationale.
Optimisation des conditions environnementales du musée d’Art contemporain de Lyon
Dès 2014, le musée d’Art contemporain de Lyon a commencé à adopter des technologies avancées pour maintenir et réguler l’hygrométrie et la température des salles et des œuvres d’art conservées. Ces systèmes invisibles pour le public sont installés principalement dans les sous-sols. Ce processus utilise de nouvelles technologies qui minimisent la consommation énergétique tout en maintenant une production efficace.
Utilisation des pompes à chaleur au macLyon
En bref ce sont des pompes à chaleur – PAC – qui remplacent les anciennes centrales de traitement d’air, doublant ainsi l’efficacité énergétique. Ces améliorations comprennent également des systèmes de filtration et de ventilation améliorés qui permettent une meilleure circulation de l’air et une réduction significative des coûts énergétiques.
Une régulation précise par locaux a été mise en place, on peut ainsi permettant de connaître et de contrôler les conditions environnementales à tout moment dans le bâtiment. Ces informations sont constamment réévaluées, permettant des ajustements en temps réel pour corriger tout problème de programmation ou défaillance technique. Pour Julien Némoz, secrétaire général du macLyon, c’est « entre 10 et 15 % d’économie d’énergie générée ».
Suivi des consommations énergétiques
Ces avancements ne sont pas seulement techniques, ils sont aussi organisationnels. Des réunions mensuelles sont organisées pour surveiller le statut des installations et ajuster les opérations en fonction des différentes expositions et des configurations changeantes des salles.
Sylvain Godinot souligne que derrière cette efficacité se cache un travail colossal souvent invisible du public de la part des équipes techniques, souvent invisible du public, qui supportent activement les programmes culturels en maintenant des conditions optimales de lumière, température et humidité. Ce travail continu permet de réduire considérablement les coûts pour la ville et d’améliorer la qualité du service offert aux visiteurs.
Lyon, consommer moins grâce à des lampes plus performantes
Depuis 2020, « consommer moins grâce à des lampes plus performantes tout en améliorant le niveau de service » est l’objectif de la Ville de Lyon. Ainsi, elle a déjà mené 32 opérations de « relamping » des tubes fluorescents et lampes à décharge – autrement dit de remplacement des lampes – et permis « des équipements plus efficaces, une amélioration des circuits et dispositifs de commande, une mise en œuvre de plans de comptage adaptés aux usages… »
Sylvain Godinot précise : « Depuis 2021, plus de 1,6 million d’euros ont été investis dans ces opérations, dont :
- la Halle des sports (Lyon 3e),
- la Maison pour tous – Salle des Rancy (Lyon 3e),
- le palais des sports (Lyon 7e) et
- plusieurs écoles et gymnases de la ville,
en sont notamment bénéficiaires. L’expertise des équipes techniques de la Ville de Lyon génère 20 % d’économies par rapport à 2020. »
Ainsi, la rénovation en LED du MAC Lyon est une véritable révolution, non seulement en matière d’économie d’énergie, mais également dans l’approche muséologique. Ce changement stratégique soutenu par la direction du musée met en lumière non seulement les œuvres, mais également l’engagement de l’institution culturelle envers la préservation environnementale et une meilleure expérience pour chaque visiteur. Elle place le musée à la pointe de la technologie et de l’écologie, fidèle à l’esprit d’innovation et de responsabilité qui caractérise l’architecte Renzo Piano et la Ville de Lyon.
Approfondir le sujet
Équipe du projet
Lieu
- MAC Lyon
- Lyon, France
Livres
Eclairage d'exposition, musées et autres espaces, de Jean-Jacques Ezrati
Le manuel de l'éclairage d'exposition de Jean-Jacques Ezrati. Trente ans d'expérience, de la régie lumière au métier d'éclairagiste. Le référent des musées. |
Du musée à l’éclairage muséographique
Deux livres phares autour du musée et de l’éclairage muséographique : Museum environment, de Garry Thompson à La muséologie, selon Georges Henri Rivière. |
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Depuis 20 ans, le phénomène éclairage vit une mutation sans précédent. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse. |
Les plafonds sont très éclairés par les volets blancs, notamment des lèche-mur, mais également des projecteurs directifs. Il n’est pas soulevé la question de la durée de vie des LED qui d’ici une douzaine d’année auront perdues de la luminosité, voir seront hors d’usage. Que pourra t-on changer: le projecteur où la LED? La notion d’IRC est un peu limitée pour les LED. Un indice proche de 100 n’est pas obligatoirement meilleur qu’un indice de 90.
@Jean-François Merci pour vos retours.
Comme je l’explique dans l’article, je suis bien d’accord que l’éclairage des plafonds est loin d’être correct dans cette rénovation.
Nul doute que l’apport d’un concepteur lumière à ce projet d’éclairage muséographique aurait été un plus 🙂
Comment l’art contemporain pourrait-il avoir connaissance de votre savoir-faire de l’éclairage ?
Bonjour,
Je me pose une autre question qui n’est pas abordée, celle de l’impact de la lumière LED sur les oeuvres. Il me semble avoir lu par ailleurs que des conservateurs de musée pointaient les risques de dégradation des oeuvres de part la présence de lumière bleue. Le 4000 K, notamment, comporte beaucoup de longeurs d’ondes très énergétiques, quasi absentes des sources halogènes aciennes. Je me demandais si cela avait été pris en compte.
@Hélène En effet, l’impact de la lumière sur les oeuvres est toujours pris en compte par les conservateurs dans les musées.
Le choix de la température de couleur de 4000 K avec un très bon IRC est aussi fonction des oeuvres présentées.
Ici, nous sommes dans un musée d’art contemporain avec des oeuvres très différentes de peinture classique qu’il faut absolument préserver.
De plus, une température de couleur 2700 ou 3000 K aurait été trop chaude, monotone et soporifique par rapport aux cimaises blanches ou colorées, au plafond blanc et au sol en bois clair.
Pour en savoir plus sur les sources lumineuses dans les musées, voici un article du spécialiste : https://ezrati-eclairage.weebly.com/sources.html