La Félicité, superbes arches béton en lumière par 8’18’’
Entre l’île de la Cité et la gare de Lyon, La Félicité prend vie à Paris. Sur les bords de la Seine, le site Morland Mixité Capitale est proche du pavillon de l’Arsenal. L’ancienne cité administrative vient de faire l’objet d’une reconversion urbaine magistrale. Depuis, elle est l’écrin de superbes arches béton de David Chipperfield et de jardins de Michel Desvigne. L’ensemble des espaces extérieurs s’éveille sous la lumière de 8′18″, tout en finesse.
Morland Mixité Capitale, projet hors norme de Réinventer Paris
- Porté par le promoteur Emerige depuis 2014.
- Lauréat de l’appel à projets Réinventer Paris en 2016.
- Inauguré par la Ville de Paris en juin 2022.
Morland Mixité Capitale rassemble onze programmes dédiés à l’habitation, à l’art, aux commerces, au travail et aux voyageurs.
« Imaginer des fonctionnalités multiples garantissant une reconversion attractive attendue par la Ville, tout en atteignant l’équilibre économique rendant l’opération viable.
Nous sommes fiers de livrer un programme conforme à ce que nous avions promis, d’ouvrir à tous un bâtiment à l’architecture ambitieuse répondant aux enjeux de notre époque en nous appuyant sur une architecture du XXe siècle. »
Laurent Dumas, président du conseil de surveillance, Emerige
La composition architecturale de La Félicité est l’œuvre d’une équipe internationale :
- David Chipperfield Architects de Berlin, architecture et espaces publics,
- BRS architectes ingénieurs, agence franco-allemande basée à Paris, représentant local de David Chipperfield et suivi architectural du projet,
- CALQ, agence d’architecture parisienne, espaces réhabilités, coordination des études et maîtrise d’œuvre d’exécution du site,
- Michel Desvigne paysagiste de Paris, cours et toitures-terrasses de la Félicité,
- 8’18’’, agence de concepteurs et plasticiens lumière, éclairage des espaces publics du rez-de-chaussée.
- Olafur Eliasson et le studio Other Spaces de Berlin, pour les 15 et 16e étages du bâtiment.
Projet architectural de David Chipperfield en arches béton
Tout en défiant les problématiques du développement durable, la programmation innovante et mixte fait place à une architecture forte de sens.
« Comment montrer qu’un bâtiment, en apparence privé, est en réalité ouvert ? Pour que cela soit visible, nous avons souhaité créer une cohérence sur tout le rez-de-chaussée : les arches représentent cet aspect public. Elles sont une invitation à entrer, à déambuler, qu’aucun autre geste architectural ne pouvait offrir. »
David Chipperfield, architecte, David Chipperfield Architects
Deux espaces extérieurs majestueux sont ainsi logés dans le plan en H de la Félicité. Tous les bâtiments neufs ont été surélevés et posés sur une série d’arcades contemporaines en béton lisse. Côté boulevard Morland, les voûtes se déploient pour reconstituer un cloître autour de la « forêt urbaine » de Michel Desvigne. Sous la tour de La Félicité, le passage central recadre la vue. Il s’ouvre sur d’immenses arches béton abritant un marché alimentaire. Pour souligner la fenêtre sur la Seine, la perspective se resserre sur le quai Henri IV.
« Ce traitement est fondamental, car il définit une continuité entre la desserte intérieure du bâtiment et l’espace public. Il crée un véritable équilibre entre l’urbanisme, l’architecture et le domaine public. »
David Chipperfield, architecte, David Chipperfield Architects
La surface fine des ouvrages massifs en béton a demandé un coffrage spécial. D’apparence identique, 11 modèles ont été réalisés. Ils s’adaptent ainsi aux variations de la trame rectiligne de la façade existante d’Albert Laprade.
Mise en lumière des espaces publics de 8’18’’
Par le biais de l’agence BRS architectes ingénieurs, 8’18’’ est missionnée en 2017 pour la mise en lumière des espaces publics : déambulation piétonne, marché et jardins. Mutualisant mise en valeur et éclairage fonctionnel, « l’objet lumière, dessiné et assumé, a fait consensus avec l’architecte », se rappellent Rémy Cimadevilla et Emmanuelle Sébie, concepteurs lumière du projet.
La réponse se traduira alors par la création d’un « lustre » grand format, en cohérence avec la ligne et le rythme architectural des arches béton formant un cloître. Développés avec le fabricant d’éclairage Flos France, 17 luminaires sont déployés au fil du parcours, du boulevard Morland à la Seine. Ils sont suspendus en clé de voûte en diffusant un éclairage homogène direct indirect blanc chaud 3 000 K.
Comme un fil d’Ariane pour accompagner la déambulation et accentuer la porosité du site, une seconde strate lumière est proposée. « La mise en place d’un éclairage par appliques habille les façades existantes et redonne une échelle à la promenade. Il ponctue et dessine le parcours piéton dans le site. En écho à l’esthétique des années 50, cet éclairage fonctionnel respecte l’ordonnancement architectural. Ainsi, il souligne la verticalité des piliers béton et apporte une profondeur au paysage nocturne », résume 8’18’’.
Dans un souci de préservation de la « forêt urbaine » créée par Michel Desvigne, la cour Morland est maintenue dans l’ombre. Sur 1 000 m², seuls les cheminements sont balisés, ponctués de bornes basses sécurisant la traversée.
Lustre contemporain suspendu aux arches béton avec Flos France
« Quelle dimension donner à l’objet lumière pour ne pas nuire, visuellement, à la massivité des arches béton ? », questionnent les concepteurs lumière et l’architecte. « L’objet devait avoir la bonne échelle, ni trop grand ni trop petit.
Finalement, il mesurera 1,5 m de diamètre et 12 cm de hauteur. Les côtés ont été biaisés pour le rendre plus léger et plus fin dans la perspective », décrit Emmanuelle Sébie de 8’18’’.
Côté technique, le luminaire a été développé en partenariat avec Flos France, implanté à Paris. Selon les contraintes des espaces publics, le matériel d’éclairage étant installé à l’extérieur, « il a fallu le concevoir dans sa résistance et son étanchéité », précise Rémy Cimadevilla.
« Pour des questions d’assemblage et de maintenance, la suspension de 60 kg est réalisée en tôle d’aluminium 3 mm thermolaquée. Elle est composée de trois luminaires unitaires, indépendants et raccordés mécaniquement en parties haute et basse.
En sous-face, un verre feuilleté diffusant d’une épaisseur 7 mm. Il ferme le luminaire à l’aide d’une tôle d’appui, prenant en sandwich le verre et le joint d’étanchéité.
En partie haute, une plaque de PMMA diffusante assure la fermeture, l’étanchéité et la diffusion de la lumière en indirect. La suspension est supportée par trois câbles inox de 2 mm, habillés de tubes aluminium de 20 mm. « Ils font partie intégrante du dessin du luminaire, car ils permettent d’absorber visuellement le passage du câble d’alimentation. »
« Un allumage séparé de la lumière directe et indirecte permet d’offrir un bon équilibre entre les surfaces éclairées et la temporalité du site », précisent les concepteurs lumière. « Compte tenu de leurs implantations par zone, des usages qui en découlent et de la lumière naturelle, ce découpage est d’autant plus nécessaire. Par exemple, sur les étals du marché couvert, les lustres assurent 500 lux moyens alors que les voûtes se révèlent sous un éclairage paramétré pour 100 lux. »
Programme mixte de la Félicité à Paris
En bref, le site Morland Mixité Capitale comprend onze programmes complémentaires :
- des espaces de bureaux en blanc sur 9 167 m²,
- 35 logements en accession,
- 84 logements intermédiaires,
- 80 logements sociaux,
- une piscine et un espace fitness de 1 749 m²,
- une crèche de 63 berceaux,
- des commerces, bar et restaurant,
- un marché alimentaire de 521 m²,
- une galerie d’art de 290 m²,
- une auberge de jeunesse de 404 lits,
- un hôtel de 162 chambres.
Reportage sponsorisé par 8’18’’
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Photo en tête de l’article : La Félicité, arches béton et lustres contemporains éclairés au crépuscule, entrée boulevard Morland, côté pavillon de l’Arsenal, Paris, France – Architectes : David Chipperfield, BRS, CALQ – Concepteur lumière : 8’18’’ © Sébastien Veronese
Contact
8’18’’Concepteurs et plasticiens lumière
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Lieu
- La Félicité
- Paris, France
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Depuis 20 ans, le phénomène éclairage vit une mutation sans précédent. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse. |