Réalisation

Exposition Dynamo à Paris, un siècle de lumière et de mouvement en art

La magnifique exposition Dynamo occupe la totalité des galeries nationales du Grand Palais. Revue critique des installations.

Sur presque 3 700 mètres carrés, jusqu’au 22 juillet 2013, l’exposition Dynamo présente près de 140 artistes et plus de 200 œuvres enveloppantes. Selon les commissaires, les cent dernières années de développements et de recherches dans l’art abstrait sur la lumière, le mouvement, l’espace et la vision sont présentées.

Cette exposition propose un parcours à rebours, en débutant par les contemporains, puis en finissant par les précurseurs. Parallèlement, les œuvres sont classées suivant diverses thématiques. Une scénographie sobre aux murs blancs et aux sols gris combine les mouvements, les artistes et les processus.

Dan Flavin – Untitled (to you, Heiner, with Admiration and Affection), 1973 – Tubes fluorescents – New York, Dia Art Foundation © Dia Art Foundation © Adagp, Paris 2013

Dynamo est la plus grande exposition d’art contemporain jamais proposée au public. Il faut donc féliciter cette prise de risque par la direction du Grand Palais là où la facilité aurait voulu une énième exposition d’un grand impressionniste.

Cette exposition présente la crème des artistes de la lumière, du cinétique et de l’optico-lumino-cinétique avec entre autres :

Nicolas Schöffer – Le Prisme, 1965 – Prisme : bois peint, miroirs, toile diffusante, programmation – Boîte à effets : bois peint, plaque de métal ajourée, moteurs, projecteurs disques tournants avec gélatines de couleur, programmateur, système électrique 250 × 285 × 200 cm ; 82 × 76 × 52 cm – Paris, Éléonore de Lavandeyra Schöffer © Adagp, Paris 2013

Ainsi que des références de l’art abstrait :

  • Agam,
  • Calder,
  • Crespin,
  • Delaunay,
  • Duchamp,
  • Kapoor,
  • Kupka,
  • Malevitch,
  • Mondrian,
  • Rodtchenko,
  • Richter,
  • Soto,
  • Stella,
  • Tinguely,
  • Takis,
  • Vasarely et bien d’autres…

 

L’exposition Dynamo est éclectique et foisonne d’installations cachées. Les œuvres sont pour la plupart superbes, au croisement de l’Art et de la Science. La visite pour un passionné peut durer plus de trois heures. Une expérience immersive dans les vertiges des sensations, une expérience visuelle et sensitive où la perception devient médium !

John Armleder – Voltes III, 2004 – Néons blancs, 350 x 600 cm – Zurich, Galerie Andrea Caratsch © Galerie Andrea Caratsch, Zürich

La visite demande aux spectateurs une implication constante. Dans le concept d’immersion des œuvres déployées par les artistes, il y a la nécessité d’action et de mouvement du visiteur pour en profiter pleinement. Il faut être parfois très patient pour assister à un déclenchement d’effet ou pour supporter l’attente, en cas d’affluence, avant d’entrer dans de nombreuses petites salles obscures. Une certaine concentration est aussi nécessaire pour qu’un effet lumineux soit visible par notre rétine. Et même être curieux pour ne pas rater une petite salle et la présence d’une œuvre majeure, car le plan fourni n’est pas très exhaustif.

Parfois l’éclairage d’ambiance de certaines salles est faible ce qui rend certaines pièces significatives bien ternes au détriment d’autres salles plus lumineuses. Il faut parfois aussi voiler son regard pour supporter les jeux de lumière forte mettant en jeu la persistance rétinienne d’où notre gêne. Il est à signaler que dans les œuvres du XXème siècle, les Dream machines de Brion Gysin ou encore les Luce spaziale de Lucio Fontana sont oubliées.

 

Quelques notes de visite sensibles

  • Artistes : génies bricoleurs et inventeurs à la pointe de la science, de la médecine et de la technologie de leur temps.
  • Sensations : perturber nos sens ou les exacerber. En prendre plein les yeux, plein les sens. Vertiges des sens perceptifs.
  • Effets : expériences visuelles, moirages tramés, rêves éveillés, effets hypnotiques et psychédéliques, cybernétiques, mouvements irréels, vision perturbée, lumières animées, persistance rétinienne, saturations colorées, reflets mouvants, miroitements multiples, messages éblouissants, purgatoire coloré, changements multiples de couleurs, adaptations rétiniennes, illusions d’optique, boites lumineuses…
Douglas Wheeler – Light Incasement, 1971 – Neons, Plexiglas 233 × 233 cm – Aix-la-Chapelle, Collection Ludwig, Ludwig Forum für Internationale Kunst © Photo Stedelijk Museum Amsterdam

Cette exposition est certes magnifique et présente de nombreux grands artistes, mais elle ne reflète pas, dans la partie qui se veut dédiée aux contemporains, l’art de ce début du XXIème siècle explorant les sujets de la lumière, du mouvement, de l’espace et de la vision.

Il semble que des choix de galeriste et de marché se soient imposés. Ainsi, l’on en a oublié ou écarté certains indispensables comme Anthony McCall avec ses installations magnifiques de cônes blancs, de signes lumineux dans la fumée et l’espace. Les commissaires justifient difficilement ces choix par un manque de place. Mais il est vrai que ce travail aurait fait de l’ombre aux installations d’Ann Veronica Janssens !

Gianni Colombo – Spazio elastico, 1967-1968 – Cloisons, lampes de Wood, moteurs et mécanisme étirant des fils blancs – 400 × 400 × 400 cm – Milan, Archivio Gianni Colombo – Photo © Giorgio Pizzagalli / Courtesy : Archive Gianni Colombo, Milan

L’artiste suisse Daniel Wurtzel et ses tornades de feu et autres matières en mouvements ou l’australien Robin Fox et ses cônes de laser vert, ainsi que notre spécialiste de la lumière dynamique Yann Kersalé et même Olafur Eliasson sont étonnamment absents.

L’art photographique, en particulier le light painting n’est absolument pas abordé. Il est pourtant constitutif de lumières et de mouvements dans l’espace ! Nos pointures françaises comme Marko93 et Jadikan sont malheureusement ignorées.

Où est l’art numérique ?

Mais le plus incompréhensible est l’absence totale d’art numérique dans l’exposition Dynamo ! Cette création contemporaine explore les technologies d’aujourd’hui et parfois de demain comme le faisaient les précurseurs de l’art moderne et cinétique en leur temps. A présenter au public :

  • les prospectives de la création numérique comme les notions d’interactivité participative avec le public,
  • la captation de mouvements,
  • les nouveaux outils et médiums employés comme la projection vidéo, le mapping 3D, l’emploi de LEDs, de tablettes ou d’écrans tactiles, d’applications mobiles, de logiciels informatiques.
Stephen Antonakos – Hanging Neon, 1962 – Métal peint, néons, 152,5 × 112 × 53,5 cm – Collection particulière © 1965 Stephen Antonakos

Faire l’impasse sur cet art mature est une triste erreur qui prive malheureusement les galeries du Grand Palais d’un large public jeune et trentenaire en phase avec son temps.

  • Le français Joanie Lemercier, du label artistique anglais AntiVj, qui a failli gagner, il y a quelques mois, le 1er prix international de la création numérique du Cube.
  • Santiago Torres, le petit génie sud-américain de l’Art Cinétique
  • le collectif LAb[au] exposés en ce moment ensemble à la Galerie Denise René avaient leur place !

La galerie Denise René à Paris était organisatrice de l’exposition manifeste et fondatrice de l’art cinétique « Le Mouvement » de 1955. De nouveau, elle ne s’est pas trompée. A l’avant-garde et avec constance avec sa nouvelle exposition visible jusqu’au 20 juin 2013 : « Art cinétique Art numérique ». Elle regroupe les maîtres et les jeunes pousses utilisant les médiums d’aujourd’hui !

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Dynamo – Réunion-des musées nationaux – Grand Palais, 2013

Approfondir le sujet

 

Absents de Dynamo

Lieu

  • Grand Palais
  • Paris, France

Livres

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Du soleil au spectacle, Céline Delavaux dresse un parcours de la lumière dans l'art contemporain. Un livre tous publics.

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Équipe artistique

Plasticien lumière Dan Flavin Nicolas Schöffer Douglas Wheeler Stephen Antonakos
Artiste John Armleder Gianni Colombo

Évènement

  • François Morellet et ses amis
  • EXPOSITION - Du 3 décembre 2016 au 19 mars 2017, exposition "François Morellet et ses amis" au Musée des Beaux-Arts de Chambéry.
  • Date : du samedi 3 décembre 2016 au dimanche 19 mars 2017
  • Lieu :
    • Musée des Beaux-Arts de Chambéry
    • Chambéry, France

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JBWB est light artist et light painter. Il développe depuis le début des années 2000 une recherche sur la lumière artificielle et naturelle, sa composition et ses propriétés. Son oeuvre se présente sous la forme d’installations in situ et de photographies. Il dispense les premiers Ateliers Arts Lumières pour tous les publics en France. Il est le fondateur de la Ligue Francophone de Light Painting, LFLP. Passionné depuis l’enfance, ses centres d’intérêt sont l’ombre et la lumière, le Light Art et l’Art Cinétique, le Vidéo Mapping et l’Art Numérique visuel.

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