Interview

Pyrotechnie embarquée sur des drones, savoir-faire Groupe F

Embarquer de la pyrotechnie sur tous les drones. En deux ans, le Groupe F a développé une flotte complète. Une aventure humaine et technique.
14 novembre 2022

Pourquoi as-tu développé la pyrotechnie embarquée sur des drones ?

Christophe Berthonneau : c’est le résultat de la Covid ! Pendant la pandémie, on s’est posé une question : que fait-on ? Il faut en profiter pour faire quelque chose que l’on n’a jamais fait. On a commencé alors à bâtir une stratégie avec un nouvel outil.

Qu’apporte le drone dans un spectacle nocturne ?

Christophe Berthonneau : au niveau artistique, l’outil drone, c’est la lenteur, l’absence de bruit, la perfection des positionnements, la capacité à générer un point de lumière et un point de pyrotechnie. Tout peut tilter, c’est à dire tourner dans le ciel. C’est marrant, étonnant et ça permet surtout de créer de nouvelles chorégraphies.

Quel poids peux-tu mettre sur un drone ?

Christophe Berthonneau : en fait, tout dépend du drone. On est en train de générer des gammes qui peuvent porter jusqu’à 20 kilogrammes. Actuellement, on a déjà une soixantaine de drones qui peuvent porter 6 kilogrammes et 1500 qui sont capables de supporter une dizaine de grammes.

Depuis combien de temps travailles-tu avec des drones ?

Christophe Berthonneau : on a démarré en 2017, puis assez vite, nous sommes montés en gamme avec l’utilisation de la pyrotechnie et d’autres technologies sur les drones.

Quel est l’avantage des drones dans la pyrotechnie ?

Christophe Berthonneau : avec les drones, on économise la charge d’élévation des artifices, on travaille avec des artifices plus petits, moins dangereux, on produit moins de bruit tout en créant des images avec des dimensions tout à fait étonnantes. Ça reste un outil cher, difficile à produire et qui a ses limites avec le vent. C’est comme la pyrotechnie, c’est aussi fragile et difficile à utiliser. Ça requiert évidemment un niveau de technicité élevé. Pour réaliser des feux extraordinaires, il faut une équipe exceptionnelle. Avec les drones, c’est la même chose !

Quelles sont les compétences nécessaires pour produire ces spectacles ?

Christophe Berthonneau : comme les feux d’artifices, le spectacle de drones est interdit par nature. Il faut donc des compétences en logistique, en transport de produits dangereux, avoir des relations avec les autorités pour obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation des spectacles.

Pour les simulations 3D, il n’y a pas une grande différence avec les outils que l’on développe pour créer des spectacles pyrotechniques.

Vincent Bauer : du concepteur pyrotechnique jusqu’aux drones

Comment se passe l’apprentissage de la machine ?

Christophe Berthonneau : l’apprentissage de la machine drone, on le suit depuis le début en étant sur le terrain avec les pionniers comme Skymagic, Geoscan ou Intel. On a beaucoup de respect pour ces professionnels des drones avec lesquels on travaille. On vient très peu sur leurs marchés car on reste principalement sur la pyrotechnie. On développe également des drones avec des lasers et des flammes.

 

Comment se composent les équipes du Groupe F à présent ?

Christophe Berthonneau : on a beaucoup de jeunes qui sont entrés dans l’équipe du Groupe F ces derniers mois en tant que télépilotes. Ce renouvellement de l’équipe avec des moins de 25 ans a apporté une respiration au groupe. C’est drôle quand tu regardes une table de régie et qu’à quatre, ils n’ont pas 100 ans !

Quels drones utilises-tu pour tes spectacles ?

Christophe Berthonneau : il y a deux technologies et approches différentes. Un système nano où nous avons un partenariat avec un fabricant [ndlr : Drotek, fabricant français pour le drone événementiel] pour avoir des développements sur mesure. Un autre système gros porteurs avec des drones professionnels intégré dans une solution globale développée en interne.

Comment gères-tu plusieurs flottes de drones simultanément ?

Christophe Berthonneau : on travaille régulièrement avec notre flotte de drones et des flottes de confrères. C’est à nous de bien préparer en amont la ségrégation des zones de vol, les fréquences utilisées par chaque flotte, la coordination du spectacle…

Propos recueillis par Vincent Laganier le 7 février 2022 par visioconférence.

À suivre…

Vision des spectacles pyrotechniques et drones lumineux

Approfondir le sujet

 

 

 

Photo en tête de l’article : spectacle pyrotechnique avec drones, Ryadh Season, Riyad, Arabie Saoudite, octobre 2021 © Nicolas Chavance, Groupe F

Équipe du projet

Maitre artificier Groupe F
Directeur artistique Christophe Berthonneau

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Rédacteur en chef et éditeur du portail Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste par passion depuis 1997 en Europe. Auteur de sept ouvrages de référence sur la lumière, l'éclairage, la ville et le bâtiment. Enseignant en éclairage à l’ENSA Nantes et à l’ENSATT Lyon.
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