Article

Quel mobilier lumière prescrire pour être pertinent dans le temps

Conseils pragmatiques de la conceptrice lumière Agathe Argod à Saint-Etienne. Pourquoi ne pas prescrire du mobilier lumière générique ?

Etre durable en 2050 avec du mobilier lumière ? Comment un projet d’éclairage peut-il rester pertinent dans le temps, en deux mot, être durable ? Tel était l’un des sous-thème pertinents des rencards de l’ACEtylène 2016. Sous cet intitulé se pose la question de la prescription d’un mobilier lumière.

Mobilier lumière générique : trois réalisations

Dans son exposé, la conceptrice lumière Agathe Argod, Scène Publique basée à Paris et Marseille, apporte plusieurs réponses selon le projet lumière. »Une mission partielle à Montpellier m’a permis de développer un dessin de mobilier repris à Mons-en-Barœul » poursuit Agathe Argot.

Extrait du carnet de detail du conceptrice lumière Agathe Argod – Dessin : Scene Publique

« Il s’agit d’un mât cylindrique équipé de cadres à l’intérieur desquels peuvent se loger divers appareils d’éclairage. La fourniture des ensembles a fait l’objet d’un appel d’offres ».

Requalification des espaces publics du centre ville, Mons en Baroeuil, France – Paysagiste : Empreinte – Conception lumière : Scène Publique – Photo : Charles Delcourt

Lauréats de l’appel d’offres à Montpellier

Axonométrie de fixation des projecteurs au mat éclairage, Montpellier – Dessin : Technilum

« Technilum a fourni les ensembles mâts et cadres, Sill les projecteurs d’éclairage public et Indal les appareils d’illumination sur cardan ».

ZAC des Grisettes, Montpellier, France – Architecte : Richez Associes – Conception lumière : Scène publique – Photo : Xavier Boymond

Lauréats de l’appel d’offres à Mons-en-Barœul

Axonométrie de fixation des projecteurs au mat éclairage, Mons en Baroeuil – Dessin : GHM

« Le jeu de la mise en concurrence a voulu que ce soit GHM qui fabrique les mâts et cadres et Philips qui fournisse les appareils d’éclairage ».

Requalification des espaces publics du centre ville, Mons en Baroeuil, France – Paysagiste : Empreinte – Conception lumière : Scène Publique – Photo : Charles Delcourt

« De mon point de vue de concepteur lumière, ce mobilier est intéressant, dans des situations où l’échelle des projets est très vaste et l’étendue de nos missions courte, parce que c’est un mobilier lumière générique – définition du Larousse : c’est-à-dire qui appartient au genre, à tout un genre, qui résume tout un genre » présente Agathe Argod.

« Le mobilier générique est un mobilier durable, rentable, performant, libre de droits, sans marque ni logo, pour éclairer la ville de demain ».

Agathe Argod, Scène Publique

 

Lauréats de l’appel d’offres à Strasbourg

En visitant l’Hypernuit au parc de l’université de Strasbourg, cette réflexion a été aussi mise en pratique par Charles Vicarini pour les mâts de grandes hauteurs. Des cadrans métalliques entourent les projecteurs faisant disparaître leurs formes initiales de jour. Sommes-nous ici aussi dans du mobilier lumière générique ?

Parc de l’université de Strasbourg, France – Architecte : Digitale Paysage – Conception lumière : Charles Vicarini – Photo : Vincent Laganier

Qualités du mobilier d’éclairage à prescrire

En préambule de cette réflexion avant-gardiste, Agathe Argod a aussi posé les bases des « qualités recherchées par le concepteur lumière pour le mobilier d’éclairage à prescrire, soit :

  • esthétiques : un design qui tienne sur la durée, c’est-à-dire sobre pour ne pas se démoder trop vite, qui puisse intégrer les demandes spécifiques des maitres d’ouvrages : prises illuminations, teinte spécifique, kakemonos ou tout autre support de communication…
  • photométriques : le mobilier doit être adapté aux gabarits des espaces publics à éclairer, c’est-à-dire se décliner à des hauteurs et avec des configurations multiples (un ou plusieurs feux, intégrer l’éclairage public et les illuminations…).
  • techniques : une capacité à être évolutif, à intégrer en permanence les avancées technologies – sources, optiques, gestion de l’information, interfaces intelligentes… – de manière à ce que le matériel prescrit soit toujours performant.
  • environnementales : une économie dans les ressources employées à sa fabrication, une adaptation à d’éventuelles spécificités locales, une recyclabilité en fin de vie…
  • économiques : et enfin, prescrire un matériel au prix du marché ; et pour cela ne pas lier les matériels prescrits à un fournisseur unique mais, à l’inverse, le rendre réalisable par tous, de manière à faire jouer la concurrence ».

« Certaines missions confrontent notre profession au temps long du projet urbain, à des aménagements de vastes territoires dont le calendrier de réalisation s’étale sur 10, 15 ans, voire plus. Et notre mission n’est pas toujours complète, elle peut se limiter à un plan guide ou un plan lumière sans maîtrise d’œuvre ultérieure ».

ZAC des Grisettes, Montpellier, France – Architecte : Richez Associes – Conception lumière : Scène publique – Photo : Xavier Boymond

« Ces échelles de temps et d’espace et les limites de notre intervention nous confrontent à la question suivante : quelle prescription peut tenir sur la durée, être aisément mise en œuvre par d’autres et accompagner le projet urbain dans sa réalisation ? » synthétise Agathe Argod.

 

 

Approfondir le sujet

Lieux

  • Centre ville
  • Mons en Baroeuil, France
  • ZAC des Grisettes
  • Montpellier, France
  • Parc de l'Université
  • Strasbourg, France

Équipe du projet

Concepteur lumière Agathe Argod

Poursuivez votre recherche

Rédacteur en chef et éditeur du portail Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste par passion depuis 1997 en Europe. Auteur de sept ouvrages de référence sur la lumière, l'éclairage, la ville et le bâtiment. Enseignant en éclairage à l’ENSA Nantes et à l’ENSATT Lyon.
  • Cela me fait penser à la réalisation de la mise en lumière de la place de la victoire à Sélestat. (2014)
    Le mât Sélest dessiné par Vialis et réalisé par Conimast. De la base carrée s’élèvent deux montants intègrent les spots d’éclairage. Les éléments techniques sont implantés dans la base, et le mât lui-même est support d’antennes wifi et de haut-parleurs. Il permet la mise en valeur de la façade du complexe Saint Barbe et la mise en lumière du piétonnier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.