Interview

Georges Fessy : photographe d’architecture et du patrimoine

De sa passion pour le portrait à l’architecture. Georges Fessy raconte les secrets de lumière dans le patrimoine ancien et contemporain.
15 juin 2016

Georges Fessy a photographié les bâtiments de grands architectes contemporains français mais aussi ceux des architectes des siècles passés. Il a collaboré à une quarantaine d’ouvrages : monographies d’œuvres contemporaines, livres d’art sur des édifices anciens, sur le patrimoine hospitalier, le patrimoine militaire, le patrimoine industriel, le patrimoine ferroviaire. Il est officiellement à la retraite mais travaille toujours sur certaines commandes et rêve de reprendre la photographie de portrait.

Georges Fessy à Lyon - avril 2016 - Image : Sophie Caclin
Georges Fessy à Lyon – avril 2016 – Image : Sophie Caclin

Comment passe-t-on de la nature morte à l’architecture ?

Georges Fessy : grâce aux rencontres ! Mon intérêt pour la Saline royale d’Arc-et-Senans a été récompensé par la commande de mon premier reportage photographique sur 14 mois à la fin des années 80.

La Saline Royale d'Arc et Senans - Fondation Claude-Nicolas Ledoux - Photographie : Georges Fessy
La Saline Royale d’Arc et Senans – Fondation Claude-Nicolas Ledoux – Photographie : Georges Fessy

J’ai d’abord travaillé sur le patrimoine ancien et la pierre de taille avant de découvrir l’architecture contemporaine par l’Institut du Monde Arabe – I.M.A. – avec Jean Nouvel puis le Collège Tandou à Paris avec Henri Gaudin. J’ai eu la chance de travailler sur commande et toujours avec carte blanche. J’ai collaboré à de nombreux ouvrages et à des inventaires comme sur le Familistère Godin à Guise, dans l’Aisne, sur lequel j’interviens régulièrement.

Comment réalisez-vous le reportage photographique d’un bâtiment ?

Georges Fessy : je le visite d’abord seul ou avec l’architecte mais j’apprécie les repérages en solitaire pour découvrir le bâtiment et la lumière qui tourne autour. Sur la Saline, j’ai mis trois mois à comprendre l’éclairage naturel du lieu. J’ai découvert que l’ensemble était orienté avec un décalage d’une vingtaine de degrés par rapport à la course du soleil. Ainsi, à 10 heures et à 16 heures, l’éclairage n’est pas le même. Le meilleur élément de l’I.M.A. est sans conteste la lumière dans les moucharabiehs qui offrent des effets surprenants comme sur la tour des livres. Henri Gaudin m’a expliqué l’épaisseur du Collège Tandou, les saillies et courbes qui méritaient d’être mises en valeur par la lumière dans les photographies.

Effet de la lampe halogène Tota-light de Lowel - Image : Sophie Caclin
Effet de la lampe halogène Tota-light de Lowel – Image : Sophie Caclin

Comment appréhendez-vous la lumière sur et dans le bâtiment ?

Georges Fessy : ce que je cherche, c’est ce qui déconcerte, l’effet de surprise, ce qui peut paraître racoleur mais donne la vérité du bâtiment à un moment donné. Parfois, je trouve l' »accident de lumière ». Je travaille en solitaire et j’ai quelquefois de la chance, disons que je « renifle » bien l’effet qui pourrait se produire. Je peux revenir le lendemain pour retrouver le bon moment et avoir la meilleure vue. Le travail en studio m’a appris à regarder la lumière sur l’architecture. Je suis passé de la petite échelle à la grande échelle, je reconnais le détail qui donnera le meilleur effet.

Quelle valeur à une vue de nuit en architecture ?

Le bâtiment vit de la lumière naturelle mais j’aime aussi la lumière qui vient de l’intérieur. Pour moi, la vue n’est pas intéressante de nuit, tout simplement parce qu’on ne voit pas le bâtiment, on ne perçoit pas l’arête ou le volume qui fait sa signature. Et puis les mélanges de couleur ne donnent pas de très beaux effets, il est rare que ça marche. Je préfère opérer entre chien et loup, quand il n’y a pas d’effet de « lanterne chinoise », mais ce temps ne dure que 20 minutes, il faut aller vite !

Institut du Monde Arabe - Jean Nouvel, Hubert Tonka - couverture - Photographie : Georges Fessy
Institut du Monde Arabe – Jean Nouvel, Hubert Tonka – couverture – Photographie : Georges Fessy

Sur la Médiathèque André Malraux de Strasbourg, avec l’architecte Jean-Marc Ibos, j’ai fait des photos en transparence du bâtiment, avec son agencement intérieur. Cela a donné des photos de nuit magnifiques.

Quelle est la difficulté majeure de la photographie en extérieur ?

Le pire ennemi d’un photographe en extérieur est la météo ! Sur le Rectorat de la Martinique de Christian Hauvette, un nuage est resté pendant plusieurs heures au-dessus du bâtiment, j’ai mis une semaine à faire la bonne photo !

A suivre

Georges Fessy, lumière et photographie

Approfondir le sujet

Suite de l'article

Introduction Georges Fessy : photographie et lumière
Page 1 Georges Fessy : secrets lumineux de la nature morte au portrait
Page 2 Georges Fessy : photographe d’architecture et du patrimoine

Lieu

  • Croix-Rousse
  • Lyon, France

Équipe du projet

Photographe Georges Fessy
Architecte Jean Nouvel Henri Gaudin Christian Hauvette Jean-Marc Ibos

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Aujourd’hui chef de projet, Sophie Caclin a occupé différentes fonctions au sein de la filière éclairage professionnel. Elle a accompagné les organisations dans leurs projets liés à la lumière au travers de son agence Orpin de Lune. Auteure du Lexique de l’éclairage professionnel, aux éditions Light ZOOM Lumière en 2016, elle est aussi co-auteure de La conception lumière – Appréhender le contexte, les enjeux et les acteurs aux Éditions Le Moniteur, en 2017. Sophie Caclin cultive la spécialité lumière, par expérience et par goût.
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