Ineffable de Jann Gallois, l’art sacré à l’état pur, musique et danse

Du visible à l’invisible. Fascinée par la culture traditionnelle japonaise, Jann Gallois commence son spectacle au rythme d’un grand tambour O-Daïko. Tout en simplicité et dextérité, le voyage de Jann Gallois nous enchante. Entre danse hip-hop et musique, c’est une ode à l’art sacré à l’état pur. Un instant de bonheur pour les sens, de la Cie BurnOut.

Ineffable de Jann Gallois

« L’ineffable se dit de ce qui ne peut être exprimé par des paroles. Sur scène sont unies différentes formes d’art sacré à travers la musique et la danse, dans le but de rendre manifeste ce que l’on oublie souvent de regarder, notre nature profonde et immortelle, qui ne peut se décrire par les mots. Le sacré est pour moi tout ce qui traverse le temps sans prendre aucune ride, ce qui dépasse l’entendement, ce qui libère de la souffrance et nous élève au-delà de notre condition humaine. »

Jann Gallois, chorégraphe, scénographe et musicienne, Cie BurnOut

Chorégraphe, scénographe, costumière et interprète du spectacle, la magnifique Jann Gallois nous plonge dans une quête spirituelle. Ineffable est un moment suspendu entre le temps et l’espace, entre la musique et la danse, un art total fusionnel.

Scénographie comme une plateforme en lévitation

Partie intégrante du spectacle Ineffable, la scénographie de Jann Gallois est entièrement dessinée par la chorégraphe.

Comme un sol en lévitation, la scène se compose d’un plancher de 9 mètres de large sur 8 mètres de profondeur. Recouverte intégralement d’un tapis de danse noir, une tournette motorisée est insérée au centre du plateau. De plus, toutes les rives du praticable sont en léger porte-à-faux. Cette configuration en plateforme donne au lieu un aspect intemporel. Un véritable travail d’architecte de Nicolas Picot et Cédric Bach de CEN Construction.

En fond de scène, deux praticables en bois plus petits créent un podium en pyramide. Sur chacun d’eux sont posés des instruments de musique :

• au centre : trois tambours japonais taikos,
• côté jardin : un cor et un didgeridoo pour les instruments à vents,
• côté cour : un carillon, un shaker et un synthétiseur.

À cela s’ajoutent des contrôleurs Midi, interrupteurs d’envoi, switchs réseau, interfaces et ordinateurs.

Le lointain et les coulisses sont habillés d’une boîte noire à l’italienne, d’une ouverture de 11 m sur 9,5 m au minimum.

Éclairage scénique naturel et artificiel en scène

Lumière scénique

Imitant la lumière du jour, la référence au soleil levant est évidente dès la première scène. Ainsi, Cyril Mulon, éclairagiste, a conçu ce spectacle qui combine des ambiances intimes et ponctuelles avec des éclairages entiers de la plateforme.

« En raison de la plateforme surélevée qui ne permet ni l’utilisation d’une nacelle ni celle d’une tour pour les réglages des projecteurs au grill au-dessus de la plateforme, ces projecteurs sont réglés avant la mise en place du décor, sur un tracé très précis au sol de la scénographie. 3 praticables de 2 m x 1 m, de hauteur 80 cm, sont nécessaires pour modéliser le podium des taikos », précise la fiche technique du spectacle.

Des découpes de 1 et 2 kW, en passerelle de face et en fond de salle, cadrent l’espace de jeu selon la musique et la danse.

Les température de couleur varient du blanc chaud au blanc froid sur l’ensemble de la représentation d’Ineffable.

Scénographie lumineuse

« La scénographie est lumineuse “de l’intérieur” grâce à un certain nombre de projecteurs dissimulés sous le plancher, dans le but de rappeler la pureté de ce précieux joyau qui sommeille en chacun de nous. »

Jann Gallois, chorégraphe, scénographe et musicienne, Cie BurnOut

Un ruban de pixel LED matricé point par point est fixé sous le porte-à-faux du plateau. Selon les moments du spectacle Ineffable, il accompagne de manière statique en blanc froid l’impression de lévitation, par opposition au plateau en blanc chaud.

Au moment où Jann Gallois joue avec la tournette et le phonographe, le mouvement en rotation est accompagné d’un chenillard lumineux évolutif. Il accentue l’impression de vitesse et donne à la danse un plus intemporel.

Cyril Mulon, éclairagiste

Issu de l’École Louis-Lumière, Cyril Mulon débute sa carrière à la caméra en élaborant les séquences vidéo d’un spectacle musical de Jérôme Savary, puis comme directeur de la photo pour des concerts filmés à la salle Pleyel et à la Cité de la musique.

En 1998, il intègre l’équipe de Peter Brook au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris et acquiert une large expérience artistique et technique pendant dix ans, grâce à de nombreuses tournées internationales.

En 2003, il réalise les photographies et la lumière pour les spectacles du conteur et metteur en scène Hassane Kassi Kouyaté, avec qui il poursuit depuis une étroite collaboration artistique. Il conçoit les lumières pour des mises en scène de textes contemporains, de pièces classiques et d’opéras.

Découvrant le monde de la danse contemporaine avec la chorégraphe américaine Stefanie Batten Bland, il collabore depuis 2011 avec les chorégraphes Sébastien Ramirez, Bintou Dembélé et Jann Gallois, dont il a fait toutes les créations lumière depuis les débuts de la Cie BurnOut.

Approfondir le sujet

• La danseuse Loïe Fuller, première éclairagiste en scène ?
• Eric Wurtz, créateur lumière de spectacle de danse
• Hiroaki Umeda : Repulsion + Particles, entre lumière et danse

Photo en tête de l’article : Ineffable, de Jann Gallois – Grand tambour O-Daiko – Cie BurnOut – Création lumière : Cyril Mulon © Nathalie Sternalski