Bauhaus de Flaine avec Marcel Breuer et œuvres d’art à ciel ouvert

Entre Léman et Méditerranée. À 29 km de Cluses, 62 km de Chamonix et 70 km de Genève. Hors d’accès auparavant dans les Alpes. Un cirque naturel au cœur du massif Arve Giffre. Entouré de montagnes, le site de Flaine est tout simplement exceptionnel.

Créer une station sur un site vierge

Selon la vision de ces fondateurs, mécènes et maîtres d’ouvrage, Eric et Sylvie Boissonnas, le projet d’un nouveau type de station de sports d’hiver prend forme. Mais, comment créer une station sur un site vierge ? Pour y parvenir, une équipe est constituée. Elle est composée de :

• Eric Boissonnas, ingénieur géophysicien, musicien et mélomane, skieur confirmé et émigré aux États-Unis en 1945,
• Sylvie Boissonnas, élève ses enfants, puis se consacre à l’art contemporain. Membre fondatrice du musée au Centre Georges-Pompidou avec son mari.
• Marcel Breuer, architecte hongrois, élève du Bauhaus, émigré aux États-Unis en 1946. Chef de l’opération de la station de Flaine.
• Gérard Charvaz, architecte de Genève, élève de Jean Dubuisson, et grand skieur.
• Rémi Boissonnas, frère ainé de Eric, directeur de la Banque de l’Union Parisienne et excellent alpiniste. Gérant de la Seamag de 1959 à 1973, Société d’études pour l’aménagement du Massif Arve Giffre.
• Ferdinand Berlottier, ingénieur des Ponts et Chaussées et directeur technique de la Seamag.
• Laurent Chappis, architecte, skieur et alpiniste. Pionniers de Courchevel 1850, l’Atelier d’architecture en montagne.
• Denys Pradelle, architecte élève d’Auguste Perret, fondateur de l’Atelier d’architecture en montagne.

Architecture Bauhaus et design de Flaine

À 1600 m d’altitude, Marcel Breuer, en dialogue constant avec les fondateurs, Eric et Sylvie Boissonnas, et la nature environnante va concevoir Flaine de 1960 à 1976.

Station sans voiture avec de vastes parkings périphériques, son plan masse répond au concept moderne de « station à pied, ski aux pieds ». Circulations piétonnes et routières sont complètement séparées.

Deux ascenseurs à flanc de collines, et deux tapis roulants sur les espaces d’apprentissages du ski servent de remonte-pente.

« L’architecture de Flaine est un exemple d’application du principe d’ombre et de lumière que j’ai adopté. Les façades des bâtiments sont taillées comme des pointes de diamant. Les rayons de soleil frappent leurs facettes sous des angles différents ; des éclairages contrastés résultent de leur réflexion. »

Marcel Breuer, architecte, Marcel Breuer Associates – MBA

Premières façades et toitures de Flaine, l’hôtel Le Flaine et l’immeuble Bételgeuse ont été classées à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques de France en 1991.

Matériaux et mode de construction moderne

Une usine de préfabrication en béton est mise en place dans la vallée à Magland, à 600 mètres d’altitude. S’ajoute à ces panneaux, de la pierre locale calcaire et trois essences de bois : le Doussié pour les châssis de fenêtres, puis le Méranti, le Sapin pour les gardes corps et certains bardages.

Les plaques de béton jusqu’à 50 cm d’épaisseur combinant ces différents matériaux sont scrupuleusement contrôlées par les architectes. Objectif : écarter tous défauts et avoir une exécution impeccable.

Un téléphérique construit pour l’occasion permet d’acheminer les pièces à 2000 mètres d’altitude par l’Arbaron, pour redescendre au chantier à 1600 mètres.

« Monsieur Boissonnat, il y a 50 ans, était visionnaire. C’est le premier à avoir dit « on va construire un grand téléphérique monte-charge. Il permettra d’acheminer les blocs de béton sur la station, avant d’être assemblés. Et dès que la station sera construite, le téléphérique sera reconverti en télécabine pour nos invités ».

D’où le projet du Funiflaine. Il va finalement voir le jour dans trois ans, en 2025 ».

Pierre Claessen, directeur de l’office de tourisme de Flaine

Musée d’art contemporain à ciel ouvert

« Flaine est la seule à avoir des œuvres d’art dans la station. Un musée à ciel ouvert avec le Vasarely sur le toit, le Dubuffet et le Picasso, en bas du Forum ».

Pierre Claessen, directeur de l’office de tourisme de Flaine

Architecture intérieure et mobilier

Partisan de l’architecture moderne et du Bauhaus, Marcel Breuer conçoit le design de l’architecture intérieure. Les lobbys des hôtels sont entièrement vitrés de pan de verre.

Les cheminées en béton massif imposent un caractère brut et design à l’espace des restaurants.

Éclairage piéton de la station de Flaine

Sans voiture, les lampadaires de Flaine étaient une création de l’architecte Marcel Breuer. À l’échelle humaine, il s’agit d’une sphère en verre avec un coupe flux circulaire, placée sur un fut métallique de quatre mètres de hauteur environ.

Pour un éclairagiste, banal et sans préoccupation de la protection du ciel nocturne me direz-vous aujourd’hui ? Avec l’évolution technologique LED, ces luminaires ont été remplacés par des luminaires contemporains aujourd’hui.

Pourtant, l’éclairage public est aussi pensé en console avec le flux arrière du luminaire. Ainsi, à une certaine distance de la façade, elle anime les faces en diamant du béton.

L’idée est de souligner la modénature moderne de l’architecture la nuit.

Sensibiliser les touristes à l’architecture moderne

« On s’efforce de faire de la pédagogie au niveau de l’architecture de la station. Au bout de quinze ans, on commence à avoir des gens qui se sensibilisent et appréhendent mieux l’histoire de la station. On essaye d’inciter les gens à aller voir le film sur YouTube qui date de la création de la station. C’est un document de 15 minutes assez exceptionnel. Ça s’appelle « Flaine la création ». Ce film est vraiment « magique ». Il montre bien l’esprit de la station, le pourquoi du comment. »

Pierre Claessen, directeur de l’office de tourisme de Flaine

Approfondir le sujet

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Photo en tête de l’article : immeuble Bételgeuse et Hôtel Le Flaine, 1968, façade béton, lumière, ombres et balcons, station de ski, Flaine, Haute-Savoie, France – Architecte : Marcel Breuer © Vincent Laganier