Le Misanthrope de Molière au TNP : mise en scène de la pièce
Le Misanthrope de Molière au TNP avec le créateur lumière Luc Michel.
Quand as-tu rencontré la metteure en scène Louise Vignaud ?
Luc Michel : j’ai rencontré Louise Vignaud il y a quelques années. C’était pendant mes études à l’ENSATT de Lyon. A ce moment, nous avons collaboré ensemble sur ces créations. Fidèle à son équipe artistique, elle a fait appel à moi pour la lumière sur Le Misanthrope de Molière, produit par la Compagnie la Résolue et coproduit avec le Théâtre National Populaire de Villeurbanne.
Quelles ont été les clefs de lecture de l’équipe de création ?
Luc Michel : une des clefs de lecture de l’équipe fut le texte La société du spectacle de Guy Debord, sur la question de la représentation. C’est un texte théorique issu de la pensée situationniste, très difficile à la première lecture, écrit dans les années 60. C’est une critique puissante du pouvoir capitaliste. Lorsqu’on a mis ce texte en parallèle avec Le Misanthrope de Molière, cela les a éclairés et les a rendu un peu plus limpides, l’un et l’autre.
Qu’en était-il à l’écriture de la pièce du Misanthrope ?
Luc Michel : ce qui est intéressant, c’est que dans Le Misanthrope, il y a aussi un pouvoir qui est éminemment présent. C’est le pouvoir du roi. Il est toujours là, mais quasiment jamais mentionné dans le texte.
Luc Michel : comment à la cour du roi Louis XIV a été mis en place un système de représentation et de spectacle pour asservir tous les éléments de la cours, à tous les échelons. C’est ce système de représentation que l’on a cru retrouver dans les descriptions de Guy Debord. Par le spectacle permanent, les faux semblants, les hypocrisies, se joue, chez nous aussi, la reproduction d’un pouvoir omniprésent mais jamais nommé.
Qu’est ce qui a influencé les choix scéniques ?
Luc Michel : ce qui a influencé nos choix scéniques, ce sont les références aux plateaux TV, aux défilés de mode, à l’univers de la représentation d’une bourgeoise qui se montre et se pare de mensonges.
Luc Michel : à l’intérieur de cela, il y a un révolutionnaire, Alceste. Il voudrait tout casser, sauf qu’il n’en a pas l’occasion. A l’intérieur de cette société du spectacle, son coup de gueule est juste. Mais il se retrouve seul en face d’un système qui s’auto défend et le met au ban de la société.
Quant au choix du bi-frontal avec un podium diagonal ?
Luc Michel : il y avait aussi la volonté de créer cette prise de parole publique pour en découdre. C’est la deuxième grande direction de la mise en scène. Le Misanthrope parle de procès. Alceste est en procès dans la pièce. Célimène est aussi en procès. Cela les met sous pression. A l’époque, si on n’avait pas de soutien politique, on ne pouvait pas gagner de procès.
Luc Michel : Alceste, lui, décide de ne pas influencer son procès en prenant le public à témoin, afin de démontrer l’injustice humaine. Au final il le perd, se retrouve seul, et est contraint de quitter l’arène, pour fuir dans son désert.
D’où le choix d’avoir le public autour de l’arène ?
Luc Michel : cette arène-là, c’était vraiment la question du procès, surtout dans l’acte I et II ou le public est présent, éclairé et pris à parti. Devant nous, les personnages essayent de nous convaincre, ou de nous divertir. C’est ce que fait Alceste au moment de la scène des portraits de Célimène où il prend la parole et essaye de tout remettre en cause. Mais il se fait arrêter par la maréchaussée en plein milieu. A cause de son procès.
A suivre
Le Misanthrope de Molière au TNP : lumière de Luc Michel
Propos recueillis par Vincent Laganier au TNP le 23 janvier 2018.
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Équipe artistique
Équipe technique
Équipe du projet
Lieu
- Théâtre National Populaire - TNP
- Villeurbanne, France