François Morellet, l’esprit de suite à Avignon

Précurseur de l’art minimaliste, l’artiste français François Morellet, est disparu il y a deux ans. Le Musée Angladon, collection Jacques Doucet, à Avignon propose une rétrospective qui rassemble 120 pièces et donne à vivre une expérience sensible de son oeuvre.

L’exposition François Morellet, l’esprit de suite (1965-2015) associe nécessités de la contrainte, interventions du hasard et jeux de l’esprit. De cette rencontre naissent des œuvres pleines d’humour qui peuvent emprunter des moyens d’expression très divers : peinture, estampe, sculpture, installation, intégration architecturale…

Avec la ligne, avec le hasard, avec les mots, avec nos yeux, François Morellet joue. De façon systématique. Et le regardeur est invité à entrer dans le jeu, à « faire son pique-nique » comme aimait à le dire l’artiste.

Variation sur le corpus rassemblé en 2015 par le Musée des beaux-arts de Caen, l’exposition d’Avignon cherche à mettre en valeur ces deux caractères qui sous-tendent l’ensemble de l’œuvre d’un artiste conceptuel aussi rigoureux que rigolard : le jeu et le système.

Quelques une des œuvres exposées

• Sphère-trame (1962).
• la série 40’000 carrés (1971) et ses vertigineux effets d’optique.
• le Cercle à demi-libéré P. n°1 (2015), représentatif de ses créations à base de néons.
• la spectaculaire série des Emprunts (1997), estampes de grand format jouant avec l’espace.

L’exposition fait la part belle aux travaux sur papier. Car, plus que l’arrêt sur image que peut constituer un tableau, une installation, une intégration, médiums que François Morellet pratique par ailleurs beaucoup, ce sont bien ses travaux sur papier qui, notamment parce qu’ils sont constitués en suite, permettent de percevoir l’ivresse un peu folle qui habite cet œuvre résolument minimal.

François Morellet

L’artiste a commencé à peindre dans les années 50. Nourri de culture classique, il appartient à une génération qui pose la question de l’art et de la modernité. Dans les années 60, il travaille sur les jeux visuels et l’espace au sein du Groupe de recherche d’art visuel (GRAV), préoccupé d’art cinétique, qui rassemble les inventeurs de l’Op Art. Il s’attache à faire naître des structures géométriques simples, des effets optiques, des inflexions de lignes, des énigmes visuelles, à partir de calculs mathématiques ou de suites rigoureuses et aléatoires de chiffres. Son intervention est réduite au minimum : établir un principe fondateur voulu comme un axiome soumis à ses propres lois et laisser se dérouler, avec autant de ravissement que d’impassibilité, la systématique que celui-ci induit. Le charme des images ainsi obtenues est délibérément involontaire. Synthétisant avec humour ses contradictions, François Morellet se qualifie lui-même de « fils monstrueux de Mondrian et de Picabia ».

Né en 1926 et mort en 2016, François Morellet aura été à l’honneur de plus de 500 expositions personnelles. Il fut le second artiste à voir de son vivant une de ses œuvres exposées au Louvre, pour lequel il créa une intégration pérenne, L’esprit d’escalier. Reconnaissant l’importance internationale de cet immense artiste français, la Dia Art Foundation de New York vient de lui consacrer une rétrospective.

Approfondir les œuvres de l’artiste

• Hommage aux réalisations nantaises de l’artiste, angle DRAC
• Portail 0°-90°, Portail 8°-98°, Nantes
• De temps en temps, en bord de Loire, Nantes
• Œuvres de l’artiste

Expositions à Avignon

• L’esprit de suite, musée Angladon, collection Jacques Doucet
• Ellsworth Kelly par la Collection Lambert
• Mirabilis au Palais des Papes