Passeur de lumière : Éric Michel chez Le Corbusier, La Tourette, France
Éric Michel propose une rencontre avec l’architecture de Le Corbusier, Passeur de lumière. Entre espace et lumière, il joue des matières et des transparences. De l’atrium aux circulations, de l’église aux cryptes en passant par la salle du chapitre, chaque espace accueille une installation à découvrir. Elle prend le contexte comme point de départ et oriente le visiteur dans l’édifice.
Fluo Pink Square / Fluo Blue Square dans l’atrium

Fluo Blue Square, 2012 – Éric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier
Fluo Blue Square et Fluo Pink Square de 2012 sont les œuvres les plus réussies parce qu’elles dialoguent avec l’architecture dans l’atrium. Ici, deux carrés de tube fluorescents sont fixés sur deux murs en face à face. L’un est bleu, l’autre magenta.
Au ras du mur, la lumière révèle la texture du béton projeté. Au cœur de chaque forme, un espace perceptuel se crée.

Fluo Pink Square, 2012 – Eric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier
Dans le lieu, la lumière se diffuse magnifiant sa forme parallélépipédique. À distance, la couleur opposée teinte discrètement les ombres. Un tour de maître qui occupe le vide et donne à penser l’espace autrement.

Fluo Pink Square / Fluo Blue Square, 2012 – Eric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier-
Couvent de la Tourette de béton et de lumière
Pour Le Corbusier, le couvent de la Tourette est construit avec deux matériaux : le béton et la lumière. « Que va dessiner la lumière sur le sol ? Quand va-elle se projeter sur l’espace ? L’architecte a fait une simulation inverse » explique Frère Marc Chauveau, commissaire de l’exposition. Iannis Xenakis, responsable du chantier, influença les finitions jusqu’à la trame et la forme des baies.
En lumière indirecte bleue métallique, Éric Michel silhouette les baies horizontales des couloirs du rez-de-chaussée. Cet éclairage semble irriguer le bâtiment jusqu’à la bibliothèque au même étage. Depuis les passerelles intérieures du niveau -1, ce sont les fenêtres, « à la Mondrian», qui se découpent alors.
« La spécificité de l’architecture, c’est aussi ses murs : bruts, texturés ou lisses » poursuit Frère Marc Chauveau. Pour cette raison, il a choisi pour le flyer « non pas la photo d’une œuvre, mais un mur recevant son aura. »
Côté technique, les installations utilisent presque exclusivement des réglettes fluorescentes de 1,20 m, parfois de 60 cm. Ce qui intéresse Éric Michel dans cette source classique, c’est autant la luminance du tube de 26 mm de diamètre que la lumière diffuse dans l’espace. Dans les couloirs, l’atrium et les autels en sous-sol, des tubes de teinte bleue 36W/18 de Philips sont utilisés. Le carré magenta et l’éclairage à mi-hauteur du mur-rideau de l’atrium est teinté de magenta 36W/15.
La lumière parle de blanc vêtu
Quelques tubes haute-tension à cathode froide, dit « Néon », sont lettrés par l’artiste. Un mot, Véritas, 2013, la devise des frères dominicains habitants du couvent. C’est un écho à la fonction du lieu et la religion catholique. Une phrase, La lumière parle, 2008, un écho à l’architecture définie par la lumière du jour.
De manière rectiligne, Trinité, 2013, est créé pour la salle du chapitre. L’oeuvre est constituée de trois tubes haute-tension bleus de 1,40 m à trois hauteurs différentes. Comme trois notes de musique, ils rythment l’espace selon les proportions du Modulor.

La lumière parle, 2008 – Eric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier
Seven Keys en lumière noire
Dans la crypte toute fluorescente, des tubes en lumière noire 38 mm révèlent une surface carrée 50 x 50 cm et des 7 plaques d’acrylique colorées sur 1,20 m. Ces œuvres deviennent fantastiques, presque mystiques.

Seven Keys, 2005 – Eric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier

Seven Keys, 2005 – Eric Michel chez Le Corbusier – Passeur de lumière, Couvent de la Tourette – Photo Vincent Laganier
Pour Monochrome de Lumière Invisible Blue, 2013, Éric Michel fait l’inverse du travail de James Turrell sur les Divisions Spaces. Ici, la surface luminescente se révèle être une toile recouverte de pigments et non une ouverture sur un autre espace lumineux.
Dernière source lumineuse utilisée, les diodes électroluminescentes à fort flux. L’artiste a dessiné pour le mur de l’église une Croix de Lumière. C’est une croix latine aux proportions homothétiques de celle de Le Corbusier au pied de l’autel. Réalisé sur mesure en bois, l’éclairage a été conçu avec iGuzzini. Le ruban de lumière LED blanc froid fait du soulignage, sauf à sa base. L’éclairage venant de l’arrière donne l’impression qu’une ouverture existait dans le béton depuis longtemps.
Informations pratiques
- Éric Michel, Passeur de lumière
- Dialogue avec Le Corbusier
- Couvent de La Tourette, Eveux
- Frères dominicains
- Du 9 février au 31 mars 2013
- Ouvert du mardi au dimanche
- De 14h30 à 18h30 et sur rendez-vous
- Site du plasticien lumière
- Plus d’images sur l’exposition sur le site du couvent
Lieu
- Couvent de La Tourette
- Éveux, France
Merci Vincent pour ce bel article. Amitié. Eric
@Eric Au plaisir d’autres rencontres de Lumière. Vincent
Ton article et tes photos donnent très envie d’aller voir… Merci Vincent.
@Christophe Merci pour tes commentaires. Au plaisir d’un article ? Vincent
Quel plaisir de mettre en contact passionnés et passionnants !
@Jean-Baptiste Quel compliment ! Merci à toi d’avoir créé la rencontre avec Eric Michel.
Pas de compliments… la réalité simple ! 🙂
Je t’en prie Vincent, au plaisir de rédiger sur le blog !
A quand ton premier texte ?
Tu connais mes hésitations, j’ai lancé la perche à mon premier contact mais il tarde à me répondre… C’est ça les stars de la Lumière ! 😉
Comme il est en tournée européenne, il ne doit pas forcément lire ses mails, quand il sera de retour en son pays il me recontactera certainement mais je vais tout de même le relancer !
Belle sublimation du béton, merci pour ces images
@Stéphanie, oui, le béton, que serait-il sans la lumière ?