Réalisation

Moving Target : Frédéric Flamand et Diller+Scofidio

La Maison de la Danse de Lyon a reçu Moving Target. Collaboration réussie du chorégraphe Frédéric Flamand et des architectes américains Diller+Scofidio.
17 octobre 2013

Durant un voyage de six mois au Brésil, Frédéric Flamand découvre le processus créatif de l’architecte Lina Bo Bardi. « Elle apportait des objets et commençait à rêver. » raconte le chorégraphe.

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Frédéric Flamand

De là, naît l’idée de travailler avec des architectes. La rencontre entre Frédéric Flamand, Elisabeth Diller et Ricardo Scofidio était évidente. Le chorégraphe se rappelle ses lectures des livres des architectes :

« Pour nous, l’architecture, c’est tout ce qui se passe entre la peau d’une personne et la peau d’une autre personne. »

Diller Scofidio + Renfro, architectes

Partant des Cahiers non censurés du chorégraphe Vaslav Nijinski sur la création et ses méandres, Flamand va travailler sur la schizophrénie pour ce spectacle.

La scénographie

L’architecture créée par Diller Scofidio + Renfro – agence basée à New-York – est une interface. C’est un miroir semi-transparent, de la largeur du plateau, qui bascule à 45° au-dessus de la scène.

Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © F
Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © de Cugnac

Il crée un trouble visuel très intéressant pour le spectateur. Où regarder les danseurs ? Sur le plateau ou sur le reflet dans le miroir ? A deux endroits opposés de l’espace scénique, simultanément, quelles actions suivre ?

Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Pipitone
Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Pipitone

En toute conscience, le spectateur expérience la folie du regard. Le nécessaire choix qui s’impose à chacun.

« Le miroir fait éclater la perception de la boîte scénique. On a l’impression qu’un danseur vole. Il pose aussi la question du statut du corps pour les danseurs. »

Frédéric Flamand, chorégraphe

La danse

Le spectacle présenté à la Maison de la Danse de Lyon est calé au millimètre, architecture oblige. C’est une performance artistique et technique à la fois. Il y a une beauté géométrique dans la composition de la danse. Les barres sont comme des « échelles graphiques » d’un plan, sur tirage papier d’antan.

Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Barak HD
Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Barak

Peinte en noir et blanc, la barre de fond de scène rappelle celle d’une salle de danse, version plus architecturale. Un moment intéressant est le solo d’un danseur qui joue avec un texte défilant sur le sol. Le texte est d’abord projeté à l’horizontale dans le miroir. Puis, il se réfléchit sur scène. Entre virtuel et son image, le jeu visuel est impressionnant.

La lumière

Dans deux séquences magiques du spectacle, les danseurs jouent avec ces barres blanches et noires, comme en apesanteur. Elles deviennent lumineuses marquant ainsi leurs matérialités.

« La lumière, c’est ce qui fait vivre la scène et lui donne sa virtualité. Corps réel, virtuel, reflet, transparence et opacité. Elle sculpte l’espace. Fait apparaître et disparaître. »

Frédéric Flamand, chorégraphe

Côté technique, un cyclorama blanc en fond de scène est éclairé uniformément en vert pomme au début ou en blanc moyen selon le moment du spectacle. Il est recouvert d’un tapis noir pour les scènes où le miroir est incliné afin d’augmenter le contraste avec le fond.

Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Pipitone
Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © Pipitone

Deux faisceaux diagonaux blanc froid HMI créent des lumières frisantes sur le plateau, de la face-cour au lointain-jardin, et vice et versa. Elles projettent un rectangle blanc sur le fond dans lequel l’ombre du danseur fait partie de l’action, dans l’axe de tir du projecteur.

Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © de Cugnac
Moving Target, Fréderic Flamand et Diller+Scofidio © de Cugnac

Classique de la danse, il y a une batterie de projeteurs halogène en latéraux, souvent gélatinés en blanc froid, pour souligner les mouvements.

Autres techniques, plus avant-gardiste pour la scène :

  • des pointeurs laser rouge portés par les danseurs,
  • un panneau à message variable en LED rouge,
  • des projections vidéo de cinq spots de publicité sur le corps, revus et corrigés sur un mode humoristique,
  • des projections d’images vidéo : parties de corps, de textes en capitale,
  • une projection d’un pointeur cible : Moving Target.

Frédéric Flamand conclut : « Le spectacle vivant est aussi un spectacle médias. »

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Quelques vidéos utiles

Lieu

  • Maison de la Danse
  • Lyon, France

Équipe artistique

Chorégraphe Frédéric Flamand
Scénographe Elisabeth Diller Ricardo Scofidio Diller+Scofidio
Architecte Diller Scofidio + Renfro
Vidéo Diller+Scofidio
Assistante du chorégraphe Yasuyuki Endo Cristina Dias
Conseiller artistique Bernard Degroote
Conseillers musicaux & musiciens Jean-Paul Dessy Violoncelle Boyan Vodenitcharov Piano
Musique J.-S. Bach J.-P. Dessy L. Jadot Acid Kirk A. Pärt Seal Phüric A. Schnittke D. Shostakovitch B. Vodenitcharov G. Ustvolskaïa
Production Ballet National de Marseille Centre chorégraphique national
Création Plan K Charleroi Belgique 1996
Recréation Ballet National de Marseille Grand Théâtre de Provence Aix-en-Provence 2010
Salle de spectacle Maison de la Danse

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Rédacteur en chef et éditeur du portail Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste par passion depuis 1997 en Europe. Auteur de sept ouvrages de référence sur la lumière, l'éclairage, la ville et le bâtiment. Enseignant en éclairage à l’ENSA Nantes et à l’ENSATT Lyon.

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