Interview

Vitrailliste, passeur de lumières du vitrail au contemporain

L'histoire du vitrail et la production actuelle de la profession de vitrailliste. Dernière partie de l'interview de Cyril Gouty.
18 mars 2022

Quelle est l’histoire du vitrail ?

Cyril Gouty : pour les vitraux, eh bien, c’est une histoire un peu à part. Les premiers vitraux datent du IXe siècle. Ils ont une connotation religieuse légère puisqu’il faut savoir que les plus vieux vitraux qui existent, c’était de la publicité ! Le boucher, le boulanger payaient un vitrail pour apparaître dans la cathédrale. N’oublions pas que les personnes y allaient tous les jours. Mais les plus anciens vitraux peints représentent quand même un Christ. C’est à Wissembourg, à la frontière allemande. Avec les recherches, on a compris que le départ de tout cela, c’était la publicité.

Cormeilles, France – atelier de vitrail, peinture, outils, dessins et cartons – Atelier Gouty © Maxime Brunois

Ou trouve-t-on des vitraux aujourd’hui ?

Cyril Gouty : en fait, il y en a pour tout le monde. Parce que des vitraux, il y en a vraiment à tous les prix. On va dire que cela peut partir du petit vitrail qui sépare un couloir d’un salon et qui va s’évaluer aux alentours de 600 € à 800 €. Et après, cela peut être une fenêtre qui donne sur un bureau, de la taille de celle que l’on a sous les yeux. C’est un vitrail peint à la main, émaillé, qui fait 110 sur 65 cm et qui coûte 3000 €. On travaille à 60 % pour la restauration et la création du patrimoine puisque l’on crée encore des vitraux dans des églises ! Mais on travaille quand même à 40 % pour le particulier avec des expositions comme vous avez pu le voir au Salon du verre à Honfleur.

Cormeilles, France – travail de la main en restauration d’un vitrail © Maxime Brunois

Comment la création contemporaine prend part à cet art millénaire ?

Cyril Gouty : à ce fameux Salon du verre, notre objectif, c’est de présenter tout notre panel. On n’accentue absolument pas le religieux parce que ce n’est pas le but. On en glisse un peu quand même parce que cela fait partie de notre métier mais on montre aussi toute la diversité et la possibilité. C’est-à-dire que l’on peut avoir des vitraux très léchés avec de la faune, de la flore, avec du détail.

 

Des fois, on a vraiment l’impression d’avoir des oiseaux posés sur les carreaux tellement c’est réaliste. Et puis, on a des personnes qui nous demandent des sujets totalement farfelus. Donc là, actuellement, on a une personne qui s’est offert un vitrail à Noël. Un très beau vitrail de 1,20 mètre de large sur 1,50 de hauteur, sur le thème d’un manga qui s’appelle Totoro.

Cormeilles, France – dessin fusain crayon carton maquette – Atelier Gouty © Maxime Brunois

Quelle trace laisse-t-on sur une feuille de verre qui nous survivra ?

Cyril Gouty : nous on part d’un principe, et c’est pas nous qui l’inventons, c’est aussi les Monuments historiques qui nous donnent des protocoles : nous devons passer le temps qu’il faut pour conserver les miettes. Et on a la possibilité de le faire. On ne peut pas jeter tout un pan d’histoire surtout que l’on a, sans être chauvin, un patrimoine national qui est le plus fort au monde au niveau des vitraux. Donc pourquoi aller jeter le fragment en sachant que l’on peut le conserver ? Maintenant, on a les techniques. On a aussi la chance en France de pouvoir créer des vitraux et donc de marquer notre époque et notre temps avec nos créations et notre savoir-faire. C’est pour cela que, pour moi, il est impératif de transmettre. Transmettre notre patrimoine et non pas le transformer.

Cormeilles, France – signature plomb polychromie vitrail Normandie – Atelier Gouty © Atelier Gouty

 

A suivre…

De vitrailliste à maître verrier, parcours du métier de Cyril Gouty

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Lieu

  • Atelier Gouty
  • Cormeilles, France

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Chargé de projet au sein de l'agence Concepto avec un master de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et un BTS Design d’Espace de l’ESAA Duperré, où il anime des ateliers. Stagiaire au sein des agences 8'18", Concepto, TVK et ON, il a contribué à l’ouvrage de l’ACE aux Éditions du Moniteur, "Places du Grand Paris" pour la SGP, et traduit un texte de Gerhard Auer intitulé "Vivre la sobriété en éclairage" avant de participer à l'édition de "Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050" chez Light ZOOM Lumière où il occupe un rôle de rédacteur.
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