Interview

De vitrailliste à maître verrier, parcours du métier de Cyril Gouty

Cyril Gouty est maître verrier. Retour sur son parcours, la formation de vitrailliste en France et les caractéristiques du métier.
15 février 2022

Qu’est-ce qu’un maître verrier ?

Cyril Gouty : il n’y a pas un fondateur qui arrive avec une cape et qui nous anoblit. « Maître verrier » est un titre que l’on se donne. Les critères sont simples : avoir minimum dix ans d’expérience et avoir travaillé pour des chantiers prestigieux ou alors, avoir fait ce que l’on appelle des « chefs-d’œuvre ». Dans la mesure où j’ai travaillé pour la collégiale de Lamballe, une chapelle à Chartres et les quatre coupoles du Petit Palais à Paris, j’ai eu la possibilité de devenir « maître verrier ». Avant ces étapes-là, on est « vitrailliste ».

Cormeilles, France – atelier de vitrail avec un panneau à plat – Atelier Gouty © Maxime Brunois

Pas de confrérie pour les verriers alors ?

Cyril Gouty : il s’avère qu’après la Seconde Guerre mondiale, il restait à peine cinq maîtres verriers qui faisaient le compagnonnage et le tour de France. Seulement, c’était un métier qui était secret. Après leur disparition, les grosses entreprises ont continué un certain travail tout en délaissant un savoir-faire. La jeune génération du XXe et XXIe siècle a essayé de retrouver des techniques ancestrales dans les vieilles recettes : feuilleter les vieux grimoires pour pouvoir retravailler comme à l’époque, puisque le XIXe siècle a été le grand apogée du vitrail.

Cormeilles, France – vitrail du portrait avec de la végétation peinte avec armature en plomb – Atelier Gouty © Maxime Brunois

Comment devient-on vitrailliste ?

Cyril Gouty : le premier chemin est le cursus des Beaux-Arts. C’est dans le cinquième arrondissement de Paris, au lycée Lucas-de-Nehou, près du Jardin du Luxembourg. Il n’y a qu’un seul établissement en France pour obtenir les diplômes suivants qui sont le CAP et le Brevet des métiers d’art. Après, à l’école Boulle, il y a aussi une section qui s’appelle le DMA (le Diplôme des métiers d’art).

 

Le second chemin est celui de l’apprentissage. Alors là, il y a trois endroits en France : du côté de Moulins, du côté de Tourcoing et en Alsace avec le Cerfav à Vannes-le-Châtel. Pour l’apprentissage, il faut compter entre quatre et six ans si on veut avoir les diplômes et la formation chez le patron. Et pour le cursus des Beaux-Arts, cela peut monter jusqu’à huit ans d’école. Je dirais même jusqu’à neuf ans si on pousse le vice jusqu’à faire une année de peinture sur verre.

Cormeilles, France – main banc couleur verre pinceau – Atelier Gouty © artefacteur

Quelles sont les qualités requises selon vous ?

Cyril Gouty : j’ai choisi ce métier parce qu’il est très complémentaire et très diversifié. On peut avoir des personnes qui viennent en vitrail et qui ne savent absolument pas dessiner mais qui sont très manuelles. Et puis, il y en a d’autres qui auront l’âme artistique. Ceux qui savent dessiner ou peindre sur le verre sont plutôt dans la partie maître verrier/peintre sur verre. Et dans tout ce que je viens d’évoquer, on peut avoir des compléments pour l’un et pour l’autre, à savoir poser des vitraux. On n’en parle pas souvent, mais c’est aussi un métier de savoir déposer et poser des vitraux en édifice. Il va falloir travailler le métal, la pierre, le bois et nous, notre domaine : le verre. C’est ce qui est assez fantastique dans notre métier, on touche vraiment à toutes les matières.

Cormeilles, France – restauration vitrail Normandie plomb bois – Atelier Gouty © Atelier Gouty

 
 

À suivre…

Maître verrier, alchimiste de la couleur et du verre plat

Approfondir le sujet

Photo en tête de l’article : Cyril Gouty, vitrailliste à maître verrier – portrait © Atelier Gouty

Lieu

  • Atelier Gouty
  • Cormeilles, France

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Chargé de projet au sein de l'agence Concepto avec un master de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et un BTS Design d’Espace de l’ESAA Duperré, où il anime des ateliers. Stagiaire au sein des agences 8'18", Concepto, TVK et ON, il a contribué à l’ouvrage de l’ACE aux Éditions du Moniteur, "Places du Grand Paris" pour la SGP, et traduit un texte de Gerhard Auer intitulé "Vivre la sobriété en éclairage" avant de participer à l'édition de "Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050" chez Light ZOOM Lumière où il occupe un rôle de rédacteur.
  • Merci Maxime de nous fait découvrir ce métier, trop méconnu, dont les auteurs illuminent pourtant au quotidien notre patrimoine (églises et autres bâtiments ! …)

  • Très bel article …un métier passion peu connu mais essentiel pour la préservation de notre patrimoine…

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