
Ralum, pour le réemploi artistique de luminaires
L’association Ralum – réemploi artistique de luminaires – a été fondée par Charles Vicarini, Loïc Mareschal et Filipe Ferreira. Objectif : réutiliser d’anciens luminaires d’éclairage public, souvent jetés ou recyclés, de manière créative. Ensemble, ils ont collecté et stocké ces objets afin de valoriser leur potentiel artistique de manière collective. Au lieu de les détruire, leur premier week-end de création a permis de transformer ces matériaux en biens communs. Comment le collectif a-t-il progressé ? Comment récupérer du matériel d’éclairage, créer une vraie association, trouver un local et en faire des biens collectifs ? Interview du président de Ralum, Charles Vicarini.

Qu’est-ce que Ralum ?
Charles Vicarini : Ralum signifie « réemploi artistique de luminaires ». Notre association s’est créée afin de réemployer les anciens luminaires d’éclairage public remplacés lors du passage au numérique. Aujourd’hui, ces objets industriels sont souvent broyés ou recyclés, mais rarement réutilisés, alors qu’ils ont un potentiel de réemploi en tant que biens communs pour un usage collectif.

Qui sont les membres fondateurs de l’association ?
Charles Vicarini : Le premier membre fondateur est Loïc Mareschal, paysagiste chez Phytolab à Nantes, avec qui on a lancé le collectif. On a commencé ensemble, fait nos premières tournées en camionnette louée pour collecter ce qu’on pouvait. On stockait d’abord tout chez lui. Puis Filipe Ferreira, directeur commercial associé de Lumenscia, nous a rejoints lors d’un week-end de création. On avait ramassé une cinquantaine de lanternes. On s’est pris au jeu et on a passé un super moment.

Qu’avez-vous réalisé lors de ce week-end de création ?
Charles Vicarini : Pour le week-end de création, fin Juin 2023, l’idée était de montrer toutes les belles choses que l’on décroche dans nos projets et qui partent en benne. J’en ai parlé avec Loïc et il trouvait ça intéressant. Ça a commencé sur un chantier à Châtellerault, j’avais ça en tête depuis un moment. Un jour, là-bas, j’ai pris le temps d’en récupérer une, de la nettoyer, de la regarder : c’est vraiment un matériau intéressant.
Lors de ce premier atelier, on avait fait une recherche large : mobilier, éclairage public détourné, barbecue… en travaillant la luminance, la matière, avec des plats et des dorures.

Qu’est-ce qu’une tournée Ralum ?
Charles Vicarini : Les tournées Ralum, c’est aller chercher des donateurs. Ce sont des communes, des services techniques, des entreprises, des industriels. On en prépare et organise deux ou trois par an.

Comment est née l’idée de créer une association ?
Charles Vicarini : Le week-end de création nous a donné envie de recommencer, d’inviter plus de monde dans un nouvel atelier, encore plus fondateur. On a vraiment senti un engouement et un potentiel que l’on avait déjà pressentis lors du premier atelier. Il y avait cette envie de collectif et d’ouvrir plus largement l’atelier. Sur notre temps libre, on a continué doucement la collecte avec Loïc.
Qui était invité au deuxième week-end de création ?
Charles Vicarini : Pour le deuxième week-end de création à Oléron il y a deux ans, c’était Josselin Priour, un ami qui gère un tiers-lieu à Dolus-d’Oléron – La Colo & Co – qui nous a accueillis. J’ai invité :
- Bertrand Chatelier, passionné de récup’ qui travaille chez Comatelec,
- Laurence Arnaud Basselier de Technilum – elle est très créative – ainsi que
- Lionel Bessières, concepteur lumière chez Quartiers Lumières, pour son côté bidouille-théâtre.
Je trouvais le groupe vraiment complémentaire, c’était super.
Qu’avez-vous conçu lors de ce week-end de création à Oléron ?
Charles Vicarini : Lors du deuxième atelier, nous avons plus travaillé sur un besoin de lumière dans le lieu, et cette envie du moment où tu allumes et où c’est magique. On s’est orientés sur la suspension.

On a fait un atelier de 3 jours, récupéré tout ce qu’on avait et tout amené à Oléron. Dans une super ambiance, on a fabriqué trois pièces très intéressantes. Jocelyn était très partant. Ça a été réellement constructif : en trois jours, trois belles suspensions ont été installées. Ça donne une vraie identité au tiers-lieu.

On a aussi vu qu’on pouvait donner une seconde vie à des objets qu’on ne remarque pas d’habitude, et qu’ainsi, on les redécouvre autrement. C’est quand même magique et génial.

Quel est le troisième acte fondateur de Ralum ?
Charles Vicarini : Le troisième acte fondateur, c’est la rencontre avec Guillaume Grimaud, directeur régional ETPM dans le sud-ouest, un entrepreneur intéressé par le projet et disposant d’un local. On s’est rencontrés pour déjeuner, il a proposé un espace de 2 000 m². Grâce à une mise en relation, on a finalement signé le bail.



De fait, ce local donne une autre dimension au projet ?
Charles Vicarini : Oui, exactement. Ça donne une tout autre dimension au projet, car nous avons enfin un endroit pour stocker le matériel récupéré. C’était le souci avant, chez moi ou chez Loïc. Là, on a vraiment une capacité de stockage et de production. On peut trier, avancer et préparer les pièces. Ensuite, on a nettoyé le local, rapatrié toutes les pièces, fait la collecte, les photos, puis pris possession du lieu. C’était au début de l’année 2025.
Quand l’association a-t-elle officiellement été créée ?
Charles Vicarini : L’association loi 1901 a été créée quand ses statuts ont été déposés, le 4 décembre 2024. On avait signé pour le local le 29 novembre.
Où est basé le local de stockage de Ralum ?
Charles Vicarini : Il se situe à Saintes prêt de Bordeaux, dans le sud-ouest, c’est un lieu très accessible. C’est notre premier espace de stockage. Les compagnons de l’entreprise ETPM nous ont vraiment donné un coup de main pour aménager. On les en remercie très sincèrement.

Qui compose le premier bureau de l’association Ralum ?
Charles Vicarini : Le bureau de Ralum est composé ainsi.
- Secrétaire : Laurence Arnaud Basselier.
- Trésorier : Filipe Ferreira.
- Vice-président : Loïc Mareschal.
- Président : Charles Vicarini.
Comment adhérer à l’association Ralum ?
Charles Vicarini : Pour adhérer, il suffit d’aller sur le site Ralum et de nous envoyer un mail pour demander l’adhésion. On vous envoie ensuite le lien pour vous inscrire et payer en ligne via HelloAsso.

Quelles sont les modalités d’adhésion ?
Charles Vicarini : Nous avons 4 modes d’adhésion.
- Le premier, c’est le bénévolat, pour nous, les « Allumés ». Ce sont des personnes régulièrement informées de nos avancées et qui peuvent être mobilisées si elles le souhaitent, notamment sur la conception ou la création.
- Les « Ralums », ce sont les actifs de l’association. Moi, je suis Ralum : ce sont les adhérents impliqués, qui votent et participent à la vie concrète de l’association.
- Ensuite, il y a les soutiens : les « Amis de Ralum », qu’il s’agisse d’entreprises, d’associations, de collectivités qui soutiennent le projet, accueillent une œuvre ou une pièce. Les partenaires, comme le tiers-lieu Colo & Co, sont des « amis de Ralum ».
- Et puis il y a les « Ralumax », des entreprises qui deviennent partenaires privilégiés, affichent notre association et participent au réemploi, parfois dans le cadre d’actions commerciales. Ou comme ETPM, qui est un de nos grands acteurs aujourd’hui. En termes d’adhérents et d’actions concrètes, on a eu l’équivalent avec Bouygues, Citeos, Eiffage, des installateurs, etc.
Quel a été le dernier événement de Ralum durant l’été 2025 ?

Charles Vicarini : Il y a eu un 4e événement cet été 2025 à Fégréac, près de Redon. L’Ralum nous a ouvert ses portes pour une création de luminaires et la mise en lumière de leur site. Elle organise chaque année du théâtre en plein air, joué par des amateurs, dans ce lieu ouvert au public. Il y a un grand belvédère donnant sur la plaine du fleuve la Vilaine. Depuis plus de vingt ans, c’est un site vraiment magnifique et très vivant.

Atelier Ralum – Association La Carrière – Résidence Fégréac – été 2025 © Collectif Ralum, Morse
Quel réemploi de luminaires l’association Ralum a-t-elle proposé ?
Charles Vicarini : Ils avaient besoin d’accompagner les visiteurs après la représentation, de la scène au parking, jusqu’au bar. On a mis en place ce que l’on appelle des « zombres », des objets et des supports de luminaires en réemploi, avec du bois local, principalement du châtaignier. Les têtes de luminaires apportent la lumière. Ils sont démontables, installés une fois seulement dans l’année. Cela a commencé 4 juillet 2025 et s’est terminé samedi 19 juillet soir, et on démonte dimanche 20 juillet 2025. On va faire un échange ; la carrière nous met à disposition son espace.



Quel est le prochain projet de Ralum en 2026 ?
Charles Vicarini : On organise un événement Ralum à la Carrière. Il sera ouvert à tous, les 24, 25 et 26 juillet 2026.

Lors du « café des Allumées » en juillet dernier, Ralum a fait le buzz…
Charles Vicarini : L’atelier à Oléron a aussi suscité beaucoup de curiosité, les gens revenaient, regardaient… On a rencontré du monde et à chaque fois, il y a un vrai engouement pour le projet et la communication graphique de Frédérique Daubal. Tout le monde veut le tee-shirt Ralum ! J’en ai encore offert un ce matin à un donateur !
Propos recueillis par Vincent Laganier en visio le 18 juillet 2025.

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Photo en tête de l’article : Ralum, équipe pour le réemploi artistique de luminaires – Association, week-end de création © Collectif Ralum, Frédérique Daubal