Jean-Pierre Cary : opérateur lumière du spectacle vivant
Comment as-tu commencé dans la lumière ?
Jean-Pierre Cary : quand j’étais môme, c’était clairement le spectacle qui m’attirait. Les concerts, les installations, cette sorte de Lego géant. Alors, le premier métier que tu connais, c’est ingénieur du son . Je n’étais pas mauvais en informatique et vers 18 ans, je voulais faire du son.
J’ai travaillé en tant que ingénieur du son à Clermont-Ferrand chez un petit prestataire, d’où je suis originaire. Il s’appelait Futuria et m’a bien lancé. Ensuite, j’ai commencé à partir avec des groupes en tournée.
En 2009, un jour où il a acheté une console lumière GrandM2 et il m’a envoyé en formation chez Axente avec Guillaume Perrier. Il était le chef produit de MA lighting de l’époque. Pour la première fois de ma vie, j’ai alors touché à une console lumière.
Petit à petit, j’ai appris à faire de la lumière avec les designers avec lesquels je me suis mis à travailler. Aujourd’hui, je suis clairement opérateur lumière et j’ai 33 ans.
Pourquoi as-tu déménagé de Clermont-Ferrand à Lyon ?
Jean-Pierre Cary : il y a huit ans, j’ai bougé de Clermont à Lyon, pour suivre ma chérie. Elle a été reçue au concours de l’ENSATT. Ça a été l’occasion de m’exporter avec elle à Lyon (Clermont c’est la ville aussi 😉 ). C’est un truc qui m’a fait décoller.
À Lyon, j’ai rencontré deux prestataires. D’abord, Eurosono qui fait beaucoup d’événementiel, pas de concerts, mais plutôt de petites opérations. Il m’a fait beaucoup travailler au début. Puis et surtout aussi, j’ai rencontré GL Events, grâce à Guillaume Perrier. À ce moment, ils voulaient embaucher des techniciens en fixe.
J’y ai rencontré pas mal de gens, comme Yves Caizergues, avec qui je bosse beaucoup, sur les Nuits sonores de Lyon et pas mal d’autres choses. J’ai fait deux ans en fixe chez GL. Et je continue à travailler avec eux.
Quelle expérience gardes-tu de GL Events à Lyon ?
Jean-Pierre Cary : ce qui est bien chez GL c’est vraiment que j’ai rencontré du monde et appris énormément de choses, par exemple, j’ai bossé à Milan pour l’Exposition Universelle sur le pavillon du Maroc. Avec le designer lumière Vincent Mongourdin, on s’est très bien entendus et Il m’a proposé d’aller faire la cérémonie de clôture des Jeux africains de 2015 au Congo. Ça a été un très gros chantier, je me suis retrouvé dans un stade. Une très belle expérience et mon premier gros chantier.
Quand as-tu décidé de devenir opérateur à plein temps ?
Jean-Pierre Cary : malheureusement chez GL j’étais plutôt technicien polyvalent qu’uniquement opérateur, même si certains comme Alexandre Trapon se sont battus pour créer un poste d’opérateur, la direction tenait à la polyvalence, puis un jour Guillaume Perrier m’a appelé : « dis-moi, il y a Nicolas Maisonneuve qui cherche un opérateur pour un spectacle et il ne trouve personne ». Du coup, ça a accéléré ma démission chez GL.
Comment définirais-tu le métier d’opérateur lumière ?
Jean-Pierre Cary : l’opérateur peut être vu comme une passerelle entre l’artistique et la technique. Sa mission première, c’est de programmer le spectacle dans la console lumière en suivant les consignes du designer.
C’est aussi un travail d’équipe avec un blocker qui s’occupe de l’électricité, les techniciens lumières, et bien entendu le designer.
Comment travailles-tu avec le concepteur lumière ?
Jean-Pierre Cary : tu traduis sa demande ou alors tu proposes. Ça dépend des gens avec qui tu travailles mais aussi des moments avec lui, alors tu proposes. Quand il est là, il donne des indications et à toi de traduire. Il n’y a pas de vérité absolue. Il y a autant de méthodes de travail qu’il y de concepteurs lumière. Il y en a qui savent exactement ce qu’ils veulent : « je veux tant de pourcent dans le bleu, tant de pourcent dans le vert » D’autres, qui vont te dire, « je veux un pourpre… un peu plus chaud ». Il a des atomes crochus avec certains quand tu as la même vision de la lumière.
Bien souvent, sur des créations, il arrive que je perde le designer pendant plusieurs heures, parce qu’il va gérer quelque chose avec le client, l’artiste ou la production. Et à ce moment-là, je me dis que j’aime mon poste de pupitreur car moi, je reste derrière ma console à faire de la lumière.
Quel est le rôle du lighting opérateur en tournée spectacle ?
Jean-Pierre Cary : dans le même temps, c’est toi qui gères les adaptations et contraintes techniques quand tu es sur la tournée. Tu es à même de prendre des décisions techniques, en collaboration avec le directeur technique et le blocker. Lighting opérateur, opérateur lumière en français, c’est un vrai métier d’équipe.
En tournée, ça arrive plein de fois où le designer, il n’est pas encore arrivé et il faut prendre des décisions sur un placement de machines qui ne colle pas, aujourd’hui, au niveau du plateau. Ensuite, la console lumière, c’est mon outil de travail.
Propos recueillis le 3 mars 2021 par Vincent Laganier.
À suivre…
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