Le Marchand de Sable : un beau livre en ombres chinoises sur iPad
Le Marchand de Sable est un beau livre en ombres chinoises sur iPad.
Qui êtes-vous ?
Yanick Gourville : dans le métier, mon surnom est « Bounty. » J’ai dix ans d’expérience comme technicien informatique. J’ai évolué vers la gestion de projet chez IATA ces dernières années. Il y a deux ans, Manon m’a appelé pour un projet de livre numérique.
Manon Aidan : Yanick a des compétences techniques et dans l’innovation. Moi, au niveau marketing et communication chez Teletoon, TPS Jeunesse et Mégalo. En 2009, j’ai créé 3615simone.com afin de proposer du contenu digital pour des marques.
Comment est né ce projet de livre numérique ?
MA : parents avant tout, nous sommes aussi créatifs et avons une bonne idée du marché.
YG : notre volonté était de faire quelque chose ensemble dans l’univers de la tablette pour enfants.
VL : quel est le thème de l’application ?
YG : c’est une histoire pour les trois à sept ans. Elle parle de la peur du noir en utilisant la base folklorique du marchand de sable.
MA : elle nous a tous marqué quand on était petit ! Nous voulions une histoire internationale qui est connu dans le monde entier. Le marchand dépose du sable sur les maisons et on part dans l’univers du rêve.
YG : l’enfant va ensuite découvrir des paysages, des objets, des animaux qui vont lui permettre de mieux appréhender l’obscurité et gérer la nuit.
Quel style graphique vous avez choisis ?
YG : nous sommes de la génération qui a grandi avec les contes de Grimm en ombres chinoises. Quand je regardais la tablette, j’avais en tête cette histoire. J’ai parlé à Manon d’un théâtre d’ombre. Ainsi, l’écran n’est pas aplatit. Il y a du relief et le conte devient une histoire des plans successifs qui créent de la profondeur.
Comment la lumière est-elle utilisée dans l’histoire ?
MA : la lumière est super importante, car nous sommes sur écran rétro-éclairé. En se mettant en moyenne lumière sur l’iPad, on a énormément insisté sur la lumière du fond pour faire ressortir les différents plans. Il y a toujours une petite lumière au centre de l’image qui donne de l’éclat et de la vie.
Comment gérez-vous les fonds d’écran et les animations ?
MA : C’est un livre où il y a de petites animations légères. Nous voulions :
- des fonds texturés,
- de la forme sur les fonds,
- des harmonies de couleurs différentes d’une scène à l’autre,
- du plein écran où en prend plein la vue et ça fait rêver.
L’illustrateur a été briffé à partir du découpage de nos séquences. Il est arrivé avec trois dessins et avait tout pigé.
Pourquoi avez-vous gardé le texte en bas des pages ?
MA : parce que l’on est dans un livre. Les parents peuvent choisir le mode ou ils lisent eux-mêmes sans la voie off à leur enfant.
Quels sont vos choix au niveau du design sonore ?
MA : au niveau du son, nous avons voulu quelque chose de très interactif et qualitatif. Nous avons travaillé avec des musiciens d’Annecy. Il y a une composition originale et de vraies prises de son avec des instruments. Sur chaque scène, il y a quatre à cinq musiques originales, plus un pré-générique à l’ouverture de l’application.
YG : c’est un vrai thème musical qui se décline au cours de l’histoire. Il est plaisant et reste un peu dans la tête.
Comment s’est passée la création ?
YG : nous avons créé notre boite, Hocusbookus, en septembre 2011. Ensuite, c’est une création de neuf mois.
MA : c’est réellement nous qui avons écrit l’histoire !
YG : en bref, il y a trois mois de conception :
- de rédaction et réflexion diverses et variées,
- de choix des illustrateurs pour affiner le style.
Pour le développement, il y a quatre mois à plein temps :
- un mois de design sonore,
- trois semaines sur l’illustration,
- trois mois de développement informatique.
Qu’en est-il de la production ?
YG : le 22 décembre exactement, c’est l’entrée en production. La société qui travaille avec nous avait déjà testé des éléments, l’interactivité et des possibles.
En production, nous avons été plus précis, car nous avons découvert toutes les contraintes liées à l’environnement, la vitesse à laquelle la technologie et l’informatique évolue.
MA : nous étions un peu en mode R&D tout le long ! Moi, je n’avais jamais géré un projet multimédia de A à Z. Nous prenions un peu la décision au fil de la création et de la production. Avec l’expérience, nous ne le ferons pas sur le prochain projet !
Retranscription de l’interview du 4 août 2012 à Annecy