Marjan van Aubel, designer solaire, réfléchit à la lumière

Marjan van Aubel est une designer néerlandaise. Elle est spécialisée dans l’énergie solaire. Son travail combine durabilité, technologie et esthétique. Connue pour son approche innovante, elle crée des objets et des installations alimentés par l’éclairage solaire. Ses designs s’intègrent parfaitement dans l’architecture et la vie quotidienne. Son objectif : rendre l’énergie renouvelable accessible et inspirante pour tous. De ses pensées lumière à ses conceptions solaires en architecture, découvrez comment elle vise à redéfinir la façon dont nous exploitons et interagissons avec l’énergie solaire.

Quel a été votre parcours pour devenir designer solaire ?

Marjan van Aubel : J’ai suivi une formation de designer au Royal College of Art de Londres, en design produit, mais je travaille avec la lumière depuis très longtemps. La lumière est très émotionnelle pour moi. Je la vois comme un matériau qui est tellement varié et différent… On peut faire des choses étonnantes avec elle.

Comment associez-vous la lumière du soleil à l’énergie ?

Marjan van Aubel : Je suis fascinée par la lumière et la physique. Par exemple, lorsque la lumière du soleil arrive sur une surface et qu’elle est convertie en électricité, c’est captivant et incroyable.

Maintenant, comme on peut le voir, les panneaux solaires, c’est très technique. Pourtant, il y a plusieurs moyens de les utiliser. Je pense que c’est au designer de créer de nouveaux usages. Je vois vraiment un besoin et un but à travailler dans ce domaine.

Quelle a été votre première émotion de lumière ?

Marjan van Aubel : Je me souviens que, quand j’étais enfant, les premières LED étaient très bleues. Je ne les ai pas comprises, car c’est trop froid et elles ne dégageaient pas une belle émotion. Alors, je créais déjà des choses pour en faire une lumière plus agréable. Et bien sûr, cela s’est reproduit plus tard, mais c’était d’abord pour la technologie. Puis d’autres concepteurs ont commencé à jouer avec elle. Maintenant, la lumière est une chose très importante dans nos vies, bien plus qu’elle ne l’était avant.

Comment la lumière peut-elle créer des atmosphères ?

Marjan van Aubel : La lumière peut créer des atmosphères en jouant avec les couleurs. Même si on ne le fait pas trop parce qu’on peut vite ressembler à une discothèque ! On peut très bien le faire doucement, tout comme la lumière du soleil crée une sorte de phénomène naturel dans la maison. C’est très agréable d’apporter des choses naturelles, comme simuler un feu avec de l’éclairage et du mouvement.

Quel est le produit solaire le plus réussi ?

Marjan van Aubel : C’est le Sunne, parce que c’est mon tout premier produit. Il n’a pas seulement été montré dans des expositions et des musées. Mais vraiment, c’est comme si les gens l’avaient chez eux et qu’ils l’utilisaient. Les gens ont leur propre histoire agréable avec les lumières.

Qu’est-ce que l’expérience Sunne ?

Marjan van Aubel : Le Sunne experience consiste à travailler avec les émotions et le son pour créer une expérience sensorielle et lumineuse. Parce que vous passez beaucoup de temps à recréer cette sensation, c’est toujours un risque. Si les autres la ressentent, cela fonctionne aussi très bien.

Quelles sont les personnes que vous admirez le plus dans le domaine solaire ?

Marjan van Aubel : La créatrice de mode Pauline van Dongen. J’admire beaucoup son travail, car elle créée de très beaux textiles solaires.

Elle pense non seulement à faire un beau produit solaire mais aussi qui s’adapte à toutes les réglementations architecturales en extérieur.

Les matériaux doivent être parfait avec des couleurs différentes, c’est très difficile. Elle est super courageuse !

Un autre artiste est James Turrell. C’est un peu un designer solaire parce qu’il a travaillé avec la lumière du jour et utilise ses couleurs vives.

On crée vraiment une expérience simplement en expérimentant avec la lumière à l’échelle architecturale. C’est très agréable et sans technologie.

Quel est votre objet lumineux préféré ?

Marjan van Aubel : J’ai comme un colorfull disco ball lights portable que l’on peut connecter à son téléphone. Peut-être que ça me vient maintenant parce que je viens de déménager. On peut le mettre quelque part et cela crée une atmosphère agréable à proximité, on peut l’emporter partout.

Quel est votre objet solaire préféré ?

Marjan van Aubel : J’aime la Solar Do-Nothing Machine de Charles Eames parce que je pense que c’est le premier objet design solaire. Il a été produit en 1958 en collaboration avec l’Aluminum Company of America. C’est très beau de montrer toutes ces couleurs et tout à coup, c’est très ludique.

Qu’est-ce qui est unique dans votre approche de la conception solaire ?

Marjan van Aubel : Je cherche à combiner des designs solaires avec de nouveaux matériaux, de nouvelles esthétiques et de nouvelles couleurs. Au lieu que cette technologie soit très encombrante, je veux qu’elle soit agréable à utiliser. Plus proche de l’environnement. Pour ce faire, il faut penser des choses différentes.

Comment appliquez-vous le design solaire sur le pavillon néerlandais à Dubaï ?

Marjan van Aubel : Le Dutch Pavillion à l’exposition internationale de Dubaï contenait des feuilles très fines et du photovoltaïque organique placés entre les vitres.

L’ensemble du bâtiment a été réalisé en économie circulaire. Ainsi, après six mois, il a été démonté.

Nous avons emprunté le verre à des fabricants locaux, puis les feuilles ont été roulées et envoyées pour un autre projet.

Ce pavillon néerlandais à Dubaï proposait tellement d’innovations différentes et de projets de service ! Il y avait par exemple un faiseur de pluie, des champignons qui poussaient…

Quelles tuiles solaires étaient installées sur le pavillon solaire aux Pays-Bas ?

Marjan van Aubel : Pour les tuiles du Solar Pavilion à Eindhoven lors de la première Solar Biennale, les panneaux solaires étaient imprimés.

Ils ont été fabriqués avec des techniques spéciales pour que vos yeux puissent voir l’encre, mais aussi pour que la lumière passe à travers. Les panneaux solaires reçoivent de la lumière, mais nos yeux les voient les couleurs.

Ainsi, on peut imprimer ce que l’on veut. Ils ont été fabriqués par la société néerlandaise Kameleon Solar.

Comment utilisez-vous les nouvelles technologies du photovoltaïque ?

Marjan van Aubel : Je ne recherche que de nouvelles technologies, j’établis une relation avec l’entreprise et nous travaillons ensemble. Que pouvons-nous faire avec les technologies ? Il s’agit toujours de déterminer leur fonction, mais aussi d’en faire quelque chose de nouveau. J’ai travaillé avec plusieurs entreprises pour essayer différentes choses, donc je ne me concentre pas sur une technologie en particulier.

Quelle est la mission du Solar Movement que vous avez cocréé ?

Marjan van Aubel : Le Solar Movement a pour but de rassembler tout le monde dans le domaine de l’énergie solaire. Et cela fait beaucoup de disciplines différentes aujourd’hui : les architectes, les décideurs, les philosophes, les designers, les artistes… Il s’agit d’un réseau mondial pour construire une plate-forme où nous pouvons partager des connaissances et vraiment établir des liens. Nous n’en sommes qu’au début. Cela pourrait être comme une académie solaire qui serait une sorte d’excavation et qui se poursuivrait avec la Solar Biennale tous les deux ans.

Quand se déroule la Solar Biennale 2025 à Lausanne ?

Marjan van Aubel : Elle a ouvert ses portes le 21 mars 2025 et se déroule jusqu’au 21 septembre. La Solar Biennale 2025 à Lausanne est à voir au Mudac et à l’EPFL.

Quel est le contenu de cette exposition ?

Marjan van Aubel : C’est une grande exposition qui présente différents artistes, des recherches, des collaborations avec la photographie, des installations cinématographiques, des performances de produits.

Il y a trois expositions principales et l’une d’entre elles, qui se tient aux pavillons EPFL, a deux éditions, au printemps et en été.

Quelle est la durée de la Solar Biennale ?

Marjan van Aubel : La première a duré six semaines en 2022-2023. La deuxième en 2025 se déroule sur six mois. Dans deux ans, elle se tiendra dans un autre lieu ; nous le cherchons toujours.

Quelles sont les répercussions de la Solar Biennale à ce jour ?

Marjan van Aubel : Nous avons investi dans deux Solar Biennale, l’une aux Pays-Bas et l’autre en Suisse, pour montrer le potentiel des installations solaires. Il s’agissait d’installations avec tout un programme, ainsi qu’un pavillon solaire dans la première édition.

Depuis cette biennale, nous assistons vraiment à un changement dans le récit de l’énergie solaire. Elle passe de quelque chose de technique à quelque chose de plus humain qui s’adapte à notre environnement.

À l’avenir, que voudriez-vous que la lumière artificielle fasse ?

Marjan van Aubel : Je pense que la lumière ne sera pas vraiment plus intégrée dans les matériaux. Nous en avons fait l’expérience dans le monde. Peut-être avec du verre dans une voiture, ou autre chose ; je pense que ce sera plus dirigé vers les lumières. Par exemple, l’information se fait avec de la lumière, mais aussi avec les humeurs. Je pense que la lumière jouera un rôle très important à l’avenir.

Que souhaiteriez-vous que les systèmes solaires réalisent ?

Marjan van Aubel : Je pense qu’à l’avenir, tout ce qui nécessite de l’énergie sera alimenté par l’énergie solaire. La raison n’est pas si visible pour nous, mais c’est tellement naturel. C’est comme les plantes elles-mêmes : nous n’avons pas besoin de les alimenter parce que cela se passe grâce au soleil.

Propos recueillis en visio le 17 avril 2025 par Vincent Laganier.

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