
LCA-CALC à l’avant-garde du luminaire écodesign
Tiphaine Treins est à l’avant-garde de la conception de l’éclairage durable. Elle allie habilement la technologie de pointe à la créativité artistique jusqu’à la durabilité écologique. Fondatrice et directrice de Temeloy Eco-lighting Innovator en 2009, cette visionnaire de nationalité française a élu domicile à Londres. Depuis, elle insuffle son approche unique de l’éclairage. En tant qu’éco-innovateur, elle a une patience, une résilience et une détermination inébranlable. À travers chacun des projets qu’elle entreprend, sa passion brille de mille feux, tout comme son dévouement à fournir des résultats extraordinaires. Pour elle, l’innovation en matière d’éco-éclairage n’est pas seulement une question de design. Il incarne un mélange de recherche, d’intelligence et d’un profond respect pour le jeu de la lumière et de la vie. C’est le cas du calculateur LCA-CALC. Un outil qui vise l’industrie du luminaire pour réaliser une EPD ou faire une analyse d’écodesign rapidement. Interview exclusive de l’entrepreneuse.

Qu’est-ce que le LCA ?
Tiphaine Treins : Le LCA, c’est Life Cycle Assessment, en anglais En français, il est plus connu sous le sigle : ACV, Analyse du cycle de vie.

Comment a commencé le projet LCA-CALC ?
Tiphaine Treins : C’est une aventure de quatre ans maintenant en fait, qui a commencé en 2017. Quand je suis allé voir LVMH pour leur proposer de faire la première norme Ecodesign pour les luminaires. Nous avons créé ce un think tank qui s’appelle Lighting for Good. A partir de là, nous avons fait l’analyse du cycle de vie d’un luminaire et essayer de comprendre et d’appréhender : quels critères techniques il fallait travailler pour réduire l’empreinte environnementale d’un luminaire type downlight et trackspot.
Quel est le partenaire universitaire impliqué ?
Tiphaine Treins : Ainsi, on a commencé à travailler avec l’université polytechnique de Montréal. Nous avons imaginé un premier système de notation pour créer des luminaires ecodesign (avant TM65) ; dont l’objectif était d’avoir les meilleures notes possibles sur les critères identifiés ecodesign. La charte Lighting for Good est disponible en ligne.
Cependant, je restais quand même avec une frustration. Cet outil ne donnait pas la possibilité de comprendre, si c’est mieux d’avoir 50 g d’aluminium ou 10 g de plastique ! Pour prendre cette décision, il faut vraiment rentrer dans le détail de l’analyse du cycle de vie.
C’est là qu’est venu l’idée de développer un calculateur ?
Tiphaine Treins : Oui, c’est comme ça que j’ai commencé avec à travailler avec l’université polytechnique de Montréal, à se demander : comment on pouvait créer un calculateur pour les fabricants d’éclairage et rendre l’ACV accessible ?
Au fur et à mesure, nous avons commencé à le développer. Au début, nous nous focalisions principalement sur l’aspect eco-design. Nous avons développé un module de calcul qui permet une analyse immédiate de l’impact des matériaux et processus de fabrication.
A travers l’analyse du cycle de vie, l’écodesign est-il une science ?
Tiphaine Treins : C’est une science nouvelle. C’est une science complexe qui nécessite un logiciel de calcul d’ACV, mais aussi des ingénieurs spécialisés. Donc, la demande qu’on avait au niveau des fournisseurs, c’était aussi pouvoir publier des EPD – Environmental Product Declaration – qui sont des formats très précis de présenter les résultats de l’analyse du cycle de vie. Ces documents nécessitent des temps d’ingénierie complexes importants. Nous proposant un module de rédaction semi-automatisé (70 %) qui réduit le temps d’étude par deux.

Donc, nous nous sommes retrouvés à devoir, d’un côté, adresser tout ce qui était l’écodesign et, de l’autre côté, qu’est-ce qu’on fait avec ces données ? Comment sont-elles publiées ? Comment sont-elles utilisées ? Quel accès on donne ? En bref, c’est ce que nous avons développé.
Ou êtes-vous dans le développement du calculateur aujourd’hui ?
Tiphaine Treins : Nous en sommes aujourd’hui à la quatrième mise à jour de LCA-CALC. Nous avons maintenant vraiment optimisé tout ce qui est de l’automatisation des contenus, alors que lorsqu’on utilise un logiciel d’ACV, il faut faire des pré-calculs, il faut calculer les pertes, etc.
Nous considérons grosso modo, que si vous utilisez un software d’analyse du cycle de vie, il faut entre 100 à 130 données à saisir pour un luminaire. Avec notre calculateur tous les pré-calcul sont intégré (perte, transport, etc). Donc, nous avons vraiment réduit les saisies de données par plus de 60 % comparée à un logiciel d’ACV type Sima-Pro, Open LCA ou One click. C’est possible, car nous avons simplifié le process en l’automatisant au maximum et en développant toute l’ingénierie nécessaire en back end. Ce qui fait qu’aujourd’hui, l’outil est accessible à un ingénieur junior et ça rend accessible ces savoir-faire qui sont essentiel à la transition écologique.

Je me rappelle que pour faire une ACV qu’il fallait tellement d’information à donner, puis des données qu’il fallait trouver ce qui est extrêmement chronophage. La liste des matériaux d’un luminaire reste essentielle. Elle est incontournable, mais nous simplifions le process à l’utilisateur en lui fournissant une base de données avec plus de 300 matériaux spécifiques à la création de luminaires. Quand il manque une donnée, quand il manque un transport, comment faire le calcul ? Quelles données utilisées ? Ce sont des savoir-faire que nous avons intégré dans le calculateur. Nous avons ainsi extrêmement simplifié et automatisé le calcul.
Quelle est la cible de LCA-CALC
Tiphaine Treins : Tel qu’il est aujourd’hui, ce sont d’abord les fournisseurs et les fabricants. Je pense que dans une 2e phase, nous irons plus vers des designers et des institutions. Cependant, le point de départ, c’est toujours la BOM, Bill of material, par laquelle il faut d’abord passer, de manière fondamentale. On voit que tout le monde maintenant est au courant du besoin. Je pense que toute entreprises en recherche de solution pour produire des EPDs et améliorer l’impact environnemental des luminaires appréciera l’outil, par sa simplicité d’utilisation et le gain de temps qu’il offre.

Combien y a-t-il d’utilisateur aujourd’hui ?
Tiphaine Treins : C’est un process de décision qui est relativement long, parce que, en général, il y a la nécessité de comprendre, d’analyser les coûts, d’intégrer ça dans les phases de design et de fabrication. Depuis 18 mois, nous avons autour d’une quinzaine de fabricants utilisateurs britanniques, un fournisseur allemand. Nous avons même quelques-uns en Amérique du Nord aux États-Unis.
Quel est le modèle économique de ce calculateur LCA-CALC ?
Tiphaine Treins : C’est un abonnement annuel. Un mois suffit pour une prise en main optimale grâce aux cours d’apprentissage fournis. Nous sommes en phase de lancement et nous sommes très attentifs à la spécificité de chaque client.

Pourquoi avoir créer ce calculateur par rapport à l’ACV classique ?
Tiphaine Treins : Parce que tout ce qu’on a fait pour Lighting for good. L’éléphant dans la pièce, c’était comment rendre accessibles ces calculs scientifiques d’ACV sans lesquels aucune décision avertie ne peut être prise. Ils sont complexes et onéreux. Là où on fait la différence, c’est par la simplification par l’automatisation.

Aujourd’hui, il y a des fournisseurs qui ont pris un des concurrents, par exemple One clic et qui ont rendu l’abonnement en disant, « c’est trop compliqué ». Parce qu’il faut un ingénieur d’ACV, c’est un ingénieur spécialisé qui coûte cher à cela se rajoute le prix de la licence, etc. LCA-CALC est la réponse à la question ; comment rendre accessible ce nouveau savoir-faire.
Espères-tu avoir des fabricants francophones ?
Tiphaine Treins : Oui, ainsi que tous les fabricants de langue étrangère dans le luminaire. Il n’y a aucune limitation au niveau de la langue.
Comment se compose l’équipe du LCA-CALC ?
Tiphaine Treins : Nous sommes une équipe de sept personnes. Il y a l’ingénieur analyste, Jean-François. Il y a Nicolas, le développeur. Adrien pour la partie marketing. Laurie pour la vente. Brita pour le graphisme. Ricky pour la partie cybersécurité et AI enfin Luc qui m’aide sur toute la partie légale. Et moi, je suis la chef du projet. Cela demande beaucoup de moyens. Pour moi, c’est un effort vraiment important depuis 4 ans. C’est fait avec le cœur. Je suis prêt à me donner encore plus pour aller plus loin et passer à l’étape suivante. C’est la phase en cours, le lancement commercial.
Le produit est maintenant arrivé à maturité. Avec la liste de plus de 300 matériaux, et l’automatisation des EPD qui représente un gain de temps très important.
Quand une entreprise est intéressée, que se passe t’il ?
Tiphaine Treins : D’abord, en général, on lui fait une démo pour comprendre quels sont ses besoins. Qu’est-ce qu’ils regardent ? Quels est la spécificité de leurs luminaires. Après, je leur propose un pilote en leur donnant une bill of materials BOM à remplir. Puis, nous modélisons le luminaire avec la BOM donnée et on leur montre l’EPD obtenu. Après il y a Laurie qui prend le relais pour faire la négociation commerciale, parce que ça, c’est vraiment une partie que je trouve difficile. Ont-ils alors suffisamment d’éléments pour prendre une décision ? Tout ce process, c’est la grande leçon de ces 18 mois !
Quelles évolutions du calculateur sont prévues prochainement ?
Tiphaine Treins : Au niveau des normes, enfin, tous les standards habituels sont respectés parce que c’est un produit qui évolue. Nous allons rajouter une IA pour importer des fiches techniques. Donc, les gens importeront leur fiche technique pour remplir certaines données dans le calculateur. C’est un outil efficace qui va leur faire gagner du temps.

Temeloy Lighting, en bref
Depuis la création de Temeloy Lighting en 2009, Tiphaine Treins s’est immergée dans un large éventail de projets. Chacun exigeant sa créativité et son expertise sans limites. Ses conceptions lumière sur mesure peuvent être découverte dans une variété de lieux exquis à travers l’Europe : boutiques luxueuses, yachts opulents, parcs zen, musés de classe mondiale et d’événements festifs.

Chez Temeloy, Tiphaine Treins innove avec passion, en veillant à ce que chaque concept lumière suscite une réponse émotionnelle chez son public. Elle défend l’idée d’une « architecture augmentée », où l’éclairage interagit de manière transparente avec son environnement, améliorant ainsi l’expérience globale de ceux qui passent. Un exemple étonnant de cela peut être vu dans la façade vivante de la Grande Épicerie à Paris, où l’éclairage quand des lucioles changent et évoluent au fil des saisons sous sa conception soignée.
Tiphaine Treins utilise habilement ce concept, ayant transformé des espaces comme un dôme à couper le souffle du centre d’art d’Élephant Paname en expériences immersives. Une approche holistique est au cœur de son succès : elle croit qu’une conception efficace commence par une écoute active et la promotion de relations solides fondées sur la confiance entre les collaborateurs.
En 2018, en partenariat avec Nicolas Martin de LVMH, Treins a lancé un think tank nommé Lighting for Good. Ce programme vise à établir une norme éco-or pour les fournisseurs d’éclairage, renforçant ainsi son engagement envers l’écoconception et la durabilité dans son travail. Ses efforts non seulement inspirent, mais ouvrent également la voie à un avenir vert dans le domaine de l’éclairage.

Approfondir le sujet
Photo portrait en tête de l’article : Tiphaine Treins, chef de projet, calculateur LCA-CALC, conceptrice lumière, fondatrice et directrice © Temeloy Eco-lighting Innovator