Interview

« L’alchimie entre la pierre et le verre » Julien Guiller

Julien Guiller est le cofondateur de Lumière de Verre. Une technique inédite de diapositives en verre faites à la main et projetées sur le patrimoine bâti.
18 juillet 2025

Qu’est-ce que la lumière pour toi ?

Julien Guiller : On peut la considérer comme un outil qui permet de pallier une défaillance de l’œil humain. On peut la voir comme une représentation artistique ou comme quelque chose de cosmique, puisque l’on sait que toutes les lumières qui nous traversent viennent de l’espace. La lumière, c’est aussi le Soleil et, sans le Soleil, il n’y a rien. Sans lumière, il n’y a pas d’ombre non plus. On peut dire que la lumière, c’est un peu la vie.

Julien Guiller, artiste plasticien, Lumière de Verre – Portrait © Chartres TV

Quelle a été ta première émotion de lumière ?

Julien Guiller : J’adorais les illuminations. Il y a eu une période où on mettait en lumière tous les grands monuments. Quand j’étais petit, j’étais à Marseille, Notre-Dame de la Garde éclairait la nuit et surplombait la ville…

Marseille, Notre-Dame de la Garde illuminée la nuit surplombant le cité phocéenne © Martin Czerniawski, Pixabay

Quel est ton sentiment de lumière préféré ?

Julien Guiller : On parle de luminothérapie, mais très concrètement, si je ne vois pas régulièrement la Lumière de Verre et les émotions qu’elle dégage, j’ai moins la force de continuer ce que je fais. C’est un combat, une aventure permanente. Il faut énormément de détermination.

 

Quel projet lumière trouves-tu particulièrement abouti ?

Julien Guiller : On a fait les nocturnes de Noirlac pendant quatre ans. C’est là qu’on a vraiment mis au point notre concept scénographique de la Lumière de Verre, à savoir l’expérience immersive de balades dans le monument.

Nocturnes de Noirlac, abbaye illuminée en projection image, Bruère-Allichamps, Cher, Centre-Val de Loire, France © Lumière de Verre

Et le château de Bouges, qui est un monument du Centre des monuments nationaux. On n’était pas dans une démesure de moyens, mais on a réussi à créer un espace de contemplation dans le jardin botanique. Quand tu observais le grand public qui s’y baladait, tout d’un coup, les gens se mettaient à parler moins fort.

Château de Bouges, serre illuminée dans le jardin bouquetier, Bouges-le-Château, Indre, Centre-Val de Loire © Lumière de Verre

Quelle personnalité associée à la lumière est la plus inspirante pour toi ?

Julien Guiller : Claude Monet et la série sur la cathédrale de Rouen.

Claude Monet, série des cathédrales de Rouen portail début d’après midi, collection privée, catalogue raisonné, W1322, Wildenstein, 1974 – photo © arteintornoanoi.blogspot.fr, Wikipedia

Quel est ton objet lumineux préféré ?

Julien Guiller : Une bougie, parce que c’est simple, c’est vieux et ça éclaire. Et en plus, tu as une lumière vibrante. Les ombres sont hyper intéressantes, et puis c’est notre lumière primaire.

Bougie allumée, lumière vibrante et lumière primaire © Lumière de Verre

Quelle est selon toi l’œuvre la plus mémorable ?

Julien Guiller : Le Mont-Saint-Michel. C’est l’un des rares lieux sur terre où tu as ce sentiment d’être dans quelque chose qui te dépasse. Les lumières sont splendides. Un coucher de soleil là-bas, c’est divin. Avignon est intéressante aussi, je trouve.

Vue depuis le Mont-Saint-Michel sur la baie au soleil couchant © Lumière de Verre

Comment utilises-tu la lumière en tant qu’artiste ?

Julien Guiller : Dans mon travail, je suis obligé de prendre en compte les lumières environnantes. Ce sont des obstacles ou des compléments à la mise en lumière que je peux faire.

 

 

 

Qu’est-ce qui est singulier dans ton approche de la lumière ?

Julien Guiller : J’ai été obligé de développer ma prestation parce que je me suis rendu compte que c’était aussi très joli quand tu viens mettre en lumière des éléments autour. Cela vient mettre en valeur l’ensemble du site et contribue à développer une ambiance globale.

Chateau Azay-le-Rideau, 500 ans, projection à la tombée de la nuit par Verre de Lumière, été 2025, façades du monument historique, Indre-et-Loire, Centre-Val de Loire, France © CMN

Comment aimerais-tu que la lumière artificielle évolue dans l’avenir ?

Julien Guiller : J’aimerais bien qu’elle continue de répondre à sa fonction première – qui est d’illuminer ce que l’homme ne voit pas – tout en ayant le moins d’impact possible sur l’environnement extérieur. Ce que je voudrais, dans un rêve urbain, c’est que tu te déplaces en toute sécurité en ayant la sensation d’être dans le noir.

 

 

 

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Photo en tête de l’article : Chateau Azay-le-Rideau, 500 ans, projection à la tombée de la nuit par Verre de Lumière, été 2025, façades du monument historique, Indre-et-Loire, Centre-Val de Loire, France © CMN

Équipe du projet

Plasticien lumière Julien Guiller Lumière de Verre

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Chargé de projet au sein de l'agence Concepto avec un master de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et un BTS Design d’Espace de l’ESAA Duperré, où il anime des ateliers. Stagiaire au sein des agences 8'18", Concepto, TVK et ON, il a contribué à l’ouvrage de l’ACE aux Éditions du Moniteur, "Places du Grand Paris" pour la SGP, et traduit un texte de Gerhard Auer intitulé "Vivre la sobriété en éclairage" avant de participer à l'édition de "Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050" chez Light ZOOM Lumière où il occupe un rôle de rédacteur.
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