« L’alchimie entre la pierre et le verre » Julien Guiller
Qu’est-ce que la lumière pour toi ?
Julien Guiller : On peut la considérer comme un outil qui permet de pallier une défaillance de l’œil humain. On peut la voir comme une représentation artistique ou comme quelque chose de cosmique, puisque l’on sait que toutes les lumières qui nous traversent viennent de l’espace. La lumière, c’est aussi le Soleil et, sans le Soleil, il n’y a rien. Sans lumière, il n’y a pas d’ombre non plus. On peut dire que la lumière, c’est un peu la vie.

Quelle a été ta première émotion de lumière ?
Julien Guiller : J’adorais les illuminations. Il y a eu une période où on mettait en lumière tous les grands monuments. Quand j’étais petit, j’étais à Marseille, Notre-Dame de la Garde éclairait la nuit et surplombait la ville…

Quel est ton sentiment de lumière préféré ?
Julien Guiller : On parle de luminothérapie, mais très concrètement, si je ne vois pas régulièrement la Lumière de Verre et les émotions qu’elle dégage, j’ai moins la force de continuer ce que je fais. C’est un combat, une aventure permanente. Il faut énormément de détermination.

Quel projet lumière trouves-tu particulièrement abouti ?
Julien Guiller : On a fait les nocturnes de Noirlac pendant quatre ans. C’est là qu’on a vraiment mis au point notre concept scénographique de la Lumière de Verre, à savoir l’expérience immersive de balades dans le monument.

Et le château de Bouges, qui est un monument du Centre des monuments nationaux. On n’était pas dans une démesure de moyens, mais on a réussi à créer un espace de contemplation dans le jardin botanique. Quand tu observais le grand public qui s’y baladait, tout d’un coup, les gens se mettaient à parler moins fort.

Quelle personnalité associée à la lumière est la plus inspirante pour toi ?
Julien Guiller : Claude Monet et la série sur la cathédrale de Rouen.

Quel est ton objet lumineux préféré ?
Julien Guiller : Une bougie, parce que c’est simple, c’est vieux et ça éclaire. Et en plus, tu as une lumière vibrante. Les ombres sont hyper intéressantes, et puis c’est notre lumière primaire.

Quelle est selon toi l’œuvre la plus mémorable ?
Julien Guiller : Le Mont-Saint-Michel. C’est l’un des rares lieux sur terre où tu as ce sentiment d’être dans quelque chose qui te dépasse. Les lumières sont splendides. Un coucher de soleil là-bas, c’est divin. Avignon est intéressante aussi, je trouve.

Comment utilises-tu la lumière en tant qu’artiste ?
Julien Guiller : Dans mon travail, je suis obligé de prendre en compte les lumières environnantes. Ce sont des obstacles ou des compléments à la mise en lumière que je peux faire.

Qu’est-ce qui est singulier dans ton approche de la lumière ?
Julien Guiller : J’ai été obligé de développer ma prestation parce que je me suis rendu compte que c’était aussi très joli quand tu viens mettre en lumière des éléments autour. Cela vient mettre en valeur l’ensemble du site et contribue à développer une ambiance globale.

Comment aimerais-tu que la lumière artificielle évolue dans l’avenir ?
Julien Guiller : J’aimerais bien qu’elle continue de répondre à sa fonction première – qui est d’illuminer ce que l’homme ne voit pas – tout en ayant le moins d’impact possible sur l’environnement extérieur. Ce que je voudrais, dans un rêve urbain, c’est que tu te déplaces en toute sécurité en ayant la sensation d’être dans le noir.

Approfondir le sujet
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Photo en tête de l’article : Chateau Azay-le-Rideau, 500 ans, projection à la tombée de la nuit par Verre de Lumière, été 2025, façades du monument historique, Indre-et-Loire, Centre-Val de Loire, France © CMN