
Catirpel, un luminaire modulaire et flexible de Targetti
Comment le Catirpel est-il né ?
Hervé Descottes : Comme beaucoup de produits, le design part de la contrainte : celle que nous impose le Dark sky label, une accréditation très répandue aux États-Unis. On éclaire moins voire plus vers le ciel, dans le but de moins polluer l’atmosphère. On aime mettre en valeur des paysages, mais il faut trouver un moyen d’éclairer les arbres et la flore de haut en bas, plutôt que de bas en haut.

Le second principe qui nous a permis de développer le design vient de la volonté de limiter la présence visuelle des luminaires dans l’environnement. Trop souvent, pour éclairer vers le bas on fait appel à des mâts sur lesquels on vient fixer le luminaire. Ici, on voulait pouvoir penser cette série comme un élément presque continu avec l’arbre lui-même.

Quelle a été ta source d’inspiration ?
Hervé Descottes : Le camouflage. Et quoi de mieux pour illustrer celui-ci que le caterpillar (chenille) ? Il se camoufle dans les branches des arbres, il s’y accroche, disparaît dans la journée et apparaît le soir en tant que source lumineuse.

En somme, c’est un phénomène très organique que nous avons cherché à mimétiser en créant un objet dont la lumière est très bien contrôlée, avec beaucoup d’éléments anti-éblouissants et de couleurs de température qui permettent de multiplier les scénaris de mise en lumière. C’est important !

D’où l’idée de camouflage dans la nature ?
Hervé Descottes : Le Catirpel est un produit qui se camoufle dans l’espace paysager, pas seulement dans les arbres. Nous l’avons décliné et accessoirisé avec des éléments qui le rendent plus flexible (grilles de défilement, cônes anti-éblouissants). Il est dessiné de manière à résister à toutes les intempéries.

Comment as-tu conçu son design ?
Hervé Descottes : C’est une série d’éléments qui peuvent éclairer dans plein de directions différentes. Comme un caterpillar ; il est tellement flexible qu’il peut se tourner à 90° degrés pour s’accrocher à une autre branche. L’idée d’avoir une série de petits spots capables de faire tout ça, c’est extraordinaire en termes de design !

Quel matériau as-tu choisi pour ce produit ?
Hervé Descottes : J’avais rencontré Targetti et cela m’a donné envie de travailler avec l’aluminium, car Targetti a de très belles fonderies. L’aluminium est élément assez léger et qui résiste très bien aux intempéries. Utiliser l’aluminium et le verre s’imposait donc.
Quels effets lumière sont possibles ?
Hervé Descottes : On a tous les faisceaux possibles, que ça soit un faisceau étroit de 7°, vraiment comme un petit pinceau, ou des faisceaux beaucoup plus larges qui peuvent être extrêmement diffusants à 48°.

On peut avoir différentes températures de couleurs allant de 2 400 à 4 000 K. Donc, si on éclaire de la végétation, on peut écrire avec une seule température de couleur, et si on éclaire des cheminements, on peut en avoir une autre. Tous ces éléments adaptables nous permettent de jouer avec la mise en lumière de l’espace.
D’où vient la demande produit de Targetti ?
Hervé Descottes : C’était à la suite du projet que l’on avait réalisé à la Fondation Louis Vuitton où j’avais fait intervenir Targetti à Paris. La collaboration avait été excellente durant tout le projet.

Un petit peu après, Targetti m’a demandé de faire un audit de certains de leurs produits extérieurs, cee que j’ai fait. On s’est mis autour de la table avec toute mon équipe et des personnes techniquement plus compétentes, notamment que moi . Nous avons passé en revue toute une série de produits. On a fait tous les commentaires pour les améliorer depuis notre point de vue de lighting designer, pour la mise en lumière et l’usage de ces luminaires. À la suite de ça, Targetti nous a demandé s’il y avait un produit que nous aimerions développer. On a fait une série de propositions de 3 ou 4 produits différents et c’est le Catirpel qui a été retenu pour qu’on le développe ensemble.

Comment le développement du luminaire s’est-il passé ?
Hervé Descottes : J’ai fait un dessin assez précis. Puis Targetti a développé des prototypes qu’ils nous montraient, on faisait des retours, de nouveau des prototypes…

On en a fait beaucoup ! On a évalué, fait nos commentaires ; il y a eu un nombre assez important d’allers-retours. En fait, cette phase de travail a été assez énorme. Du premier dessin du luminaire à la sortie du produit, cela a pris environ deux ans.


Quelle est la technique pour réaliser l’articulation ?
Hervé Descottes : J’ai demandé que cela soit très bien articulé, solide, que cela ne gèle pas et ne s’effondre pas avec la chaleur. Et ils ont trouvé la solution, avec des ingénieurs qui ont permis de développer des techniques de fabrication propres à ce projet.

Au final, pour les ensembles de 3 et 5 spots, l’articulation sphérique entre les projecteurs permet de se plier de ±22,5°, tout en conservant une rotation individuelle de ±110°.
Quel est le système de montage sur un arbre ?
Hervé Descottes : C’est un système à scratchs qui se règle en fonction des arbres et des branches.

Ainsi, quand l’arbre et la branche grandissent, on peut les détacher et les agrandir. Enfin, le système peut être adapté à l’évolution du produit lui-même, et de son environnement et contexte.
Quels projets lumière sont réalisés avec Catirpel ?
Hervé Descottes : On a beaucoup de projets en cours en Californie, mais aussi le Botanical Garden à Atlanta par exemple. On a fait un très beau restaurant extérieur à Miami, le Sunny’s Steakhouse où l’arbre principal est couvert de luminaires Catirpel. C’est vraiment très beau.

Que retiens-tu de cette collaboration avec Targetti ?
Hervé Descottes : J’ai beaucoup apprécié cette collaboration. Je pense que ça a été un beau travail d’équipe. J’ai énormément aimé travailler avec les équipes de Targetti. J’aime la manière dont ils promeuvent le produit, comment ils le présentent, c’est très bien fait.

Approfondir le sujet
- Il portale della luce : Lighting Academy de Targetti
- « Une matière à part entière » Hervé Descottes
- Lumières sur la Fondation Louis Vuitton de Frank Gehry

Équipe du projet
Lieu
- Musée Montmartre
- Paris, France