Article

La séparation Berlin Est – Berlin Ouest existe toujours de nuit

Vue de l'espace, la séparation Berlin Est-Ouest existe toujours. Quels enseignements en tirer pour l'éclairage public, pour aujourd'hui et demain ?
10 février 2014

Prenons de la hauteur. Durant ses rotations en orbite depuis la station ISS, le commandant Canadien Chris HADFIELD a twitté de nombreuses images de la planète dont des vues nocturnes comme Londres, Paris et Berlin. Ces images ne sont pas sans rappeler les infographies que certains d’entre nous réalisent pour expliquer nos « concepts » de plan lumière.

Séparation nocturne de Berlin

La photo nocturne aérienne de Berlin est riche d’enseignements sur la réalité de l’éclairage public. L’exercice d’analyse de cette image est intéressante. D’ailleurs, le site Slate.fr s’est déjà livré à une part de décryptage. On y perçoit largement :

  • la structure viaire,
  • le regroupement des pôles d’activités nocturnes plutôt dans la partie Ouest,
  • les espaces naturels sombres, et surtout, point le plus frappant,
  • le palimpseste du découpage est / ouest de l’ex-mur de Berlin, toujours présent dans la réalité du traitement de l’éclairage public.

 

Le mur est tombé en 1989, l’Allemagne s’est réunifiée en 1990 et la séparation technologique (sodium/ballon fluo/iodure) est pourtant toujours présente. En 25 ans, la différence d’identité nocturne globale (celle des 80% de points fonctionnels) n’a que peu évolué, entre autres à cause des contraintes financières d’investissement.

Berlin at night. Amazingly, I think the light bulbs still show the East-West division from orbit – Photo © Chris Hadfield, Twitter

Vue de l’esprit, vue de l’espace

Transposons aux problématiques de gestion de l’éclairage public : le taux de renouvellement de l’éclairage public est de l’ordre de 3 à 5% annuel, donc il faut entre 25 et 30 ans pour renouveler « naturellement » un parc d’éclairage d’une ville, d’un territoire. Sachant que la technologie nous permet actuellement un gain d’environ 50% d’efficacité énergétique, c’est donc de 40 à 45 ans qui seront nécessaires pour obtenir un facteur 2 de baisse énergétique !

« Pour un arbre centenaire, tu as beau mettre de l’engrais il faut attendre 100 ans ». (brève de comptoir).

L’arrivée massive des diodes et autres sources à haute efficacité énergétique dans les projets urbains est une bonne solution, une direction à prendre, mais ces technologies ne sont pas LA seule solution, car cela consiste à semer aujourd’hui pour un résultat qui ne sera mesurable qu’à long terme. Il faut développer des solutions pour faire baisser les consommations énergétiques « ici et maintenant », car éclairer une ville sur une « base zéro » n’existe que très rarement.

 

Quelques pistes lumière

  • Pédagogie vers les maîtrises d’ouvrages pour inciter à l’éclairage public dans les fourchettes basses de la norme (on entend encore des demandes de 15 lux moyen sur une petite place urbaine).
  • Recherche et développement de dispositifs permettant de travailler dès à présent sur le matériel fonctionnel déjà installé et qui ne tombera pas sous le coup d’un « projet urbain » ou d’une rénovation, avant son obsolescence.
  • Faire évoluer les mentalités publiques concernant l’éclairage fonctionnel à feu réduit et/ou extinction, durant la nuit sur des périmètres plus importants.
  • Faire intégrer dans les cahiers de consultation pour les plans lumières, les notions d’actions à court terme, même si ces solutions plutôt orientées techniques ne représentent pas la facette la plus sexy de notre métier.

 

Approfondir le sujet

Lieu

  • Berlin, Allemagne

Poursuivez votre recherche

Concepteur lumière et gérant de l’agence L’Acte Lumière depuis 2001, Jean-Yves Soëtinck est dans le monde de l’éclairage depuis 1997, et noctophile depuis bien plus. Ses centres d’intérêt sont l’espace urbain, la portée culturelle de la lumière et sa touche de magie, de l’éclectisme, de la poésie nocturne et la part d’ombre en toutes choses.
  • On peut ajouter que cette vision aérienne de Berlin est la conséquence d’un éclairage public fonctionnant au gaz pour une bonne partie de l’Est de la ville. Il est d’ailleurs étonnant de se promener sous cette lumiere très qualitative. Bien que peu performante, cela participe par contre à une ambiance nocturne très particulière à découvrir avant renouveau ! Certaines associations militent d’ailleurs pour leur maintient : http://www.gaslicht-kultur.de/Home_EN.html

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.