Actualité

Bataille pour le droit à la lumière du jour à Londres

Quand le "droit à la lumière", en anglais "Right to light", ralenti la construction de la tour 22 Bishopsgate. Le Bâtiment a du souci à se faire en Angleterre ?

Dans la skyline de Londres, la plus grande tour de la City de 62 étages, 22 Bishopsgate, a bien risqué rester dans les cartons, encore une fois. En effet, le projet de 1 milliard de Livres sterling s’est heurté, ces deux derniers mois, à un « droit à la lumière » des propriétaires voisins.

Droit à la lumière, une règle de 1920

Cette règle du « droit à la lumière », en anglais « Right to light« , date des années 1920. Elle fut utilisée comme étalon par l’expert de la lumière Percy Waldram qui a décidé que les propriétaires des appartements devaient avoir assez de lumière naturelle pour être capables de lire un article du journal The Time avec un niveau minimum de un foot-candel comme éclairage, soit l’équivalent de 10,7 lux moyen.

22 Bishopsgate, Londres - Skyline - PLP Architecture - Photo : Hayes Davidson
22 Bishopsgate, Londres – Skyline – PLP Architecture – Photo : Hayes Davidson

Même si aujourd’hui cette loi porte à discussion, comme on peut le lire dans un article du Building paru en 2008 « Is it time to review Percy Waldram’s daylight calculations?« , elle s’applique à tous les nouveaux bâtiments à Londres.

Point de vue de l’association SAVE Britain’s Heritage

Clem Cecil de l’association pour la protection du patrimoine britannique SAVE Britain’s Heritage a déclaré en mars 2016 : « il y a un réel danger que de vastes zones de Londres soient dans l’obscurité une grande partie de la journée ».

« C’est un vrai problème pour les gens qui ne doit pas être contourné par le système de planification urbaine ».

https://twitter.com/Puddy2011/status/673894594443141121

« Je pense que les gens commencent seulement à se réveiller du fait que leur environnement va être fortement affectée par la perte de lumière et qu’ils peuvent s’y opposer ».

17 des 90 propriétaires voisins avaient signé une demande d’application du « droit à la lumière », d’après l’article paru dans le quotidien Evening Standard, par Mark Blunden, Jonathan Prynn, The City’s tallest ever tower under threat in row over daylight, le 9 mars 2016.

Point de vue du développeur Lipton Rogers

Les développeurs de cette tour, Lipton Rogers Development et AXA Investment Managers – Real Assets, et l’architecte PLP Architecture se sont battus pour conserver leur édifice en impliquant la ville de Londres.

Lipton Rogers était tellement préoccupé qu’il a demandé en mars 2016 à la ville de Londres d’utiliser en urgence l’article 237 de la Loi sur l’aménagement du territoire « Town and Country Planning Act ». Objectif : passer outre les droits des autres propriétaires fonciers à bloquer le système au tribunal. En effet, c’est bien un recours en justice inattendu que risquait l’équipe du projet.

22 Bishopsgate, Londres - Skyline - PLP Architecture - Photo : Hayes Davidson
22 Bishopsgate, Londres – Skyline – PLP Architecture – Photo : Hayes Davidson

Pour mémoire, le projet de construction de cette tour, anciennement connu sous le nom de Pinnacle, a été arrêté à mi-chemin en 2008 au milieu de la crise financière. Qu’en sera-t-il alors en 2016 ?

Point de vue de la ville de Londres

La ville de Londres a exercé l’article 237 de la Loi sur l’aménagement du territoire « avec « parcimonie » et seulement après un examen attentif du dossier » a déclaré son porte parole, pour la tour 22 Bishopsgate. « Le point de vue du comité était que notre décision était justifiée dans ce cas. C’était un développement majeur qui se traduira par des améliorations significatives à la zone locale, l’augmentation de l’espace au sol et aider à créer des emplois » peut-on lire dans le dernier article paru sur cet épisode par Jonathan Prynn, 22 Bishopsgate: £1bn tower that will be tallest in the City is given go ahead, le 7 avril 2016 dans Evening Standard.

20 Fenchurch Street, tour surnommée le talkie-walkie, Londres - Architecte : Rafael Vinoly - Photo : Vincent Laganier
20 Fenchurch Street, tour surnommée le talkie-walkie, Londres – Architecte : Rafael Vinoly – Photo : Vincent Laganier

Pour mémoire, en 2011, la tour Walkie Talkie de 160 mètres à côté de Fenchurch Street avait utilisé le même article de Loi pour contre les potentielles objections à sa construction.

436 nouvelles tours de grande hauteur à venir

Avec plus de 436 nouvelles tours de grande hauteur à Londres planifiées dans les prochaines années, le problème va inévitablement se reposer de manière plus accrue. Les bâtiments alentours auront inévitablement une perte de la lumière du soleil en centre-ville. Comment le nouveau maire de Londres, Sadiq Khan abordera ce défi parmi d’autres ? De manière plus générale en Europe et dans le monde, comment résoudre le problème d’ombrage supplémentaire des tours dans les grandes villes ?

Tours de Londres vue de la Tamise - Photo : Vincent Laganier
Tours de Londres vue de la Tamise – Photo : Vincent Laganier

En savoir plus

Approfondir le sujet

Lieu

  • 22 Bishopsgate
  • Londres, Grande Bretagne

Équipe du projet

Bureau d'études techniques Percy Waldram
Magazine Evening Standard
Promoteur Lipton Rogers
Architecte PLP Architecture

Poursuivez votre recherche

Sujets Londres 22 Bishopsgate City of London
Effets lumière Lumière naturelle Lumière du jour
Techniques d'éclairage Éclairage naturel
Professions Promoteur Architecte Constructeur
Fonction du lieu Tour
Thèmes Architecture Bâtiment Société Santé Ville
Rédacteur en chef et éditeur du portail Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste par passion depuis 1997 en Europe. Auteur de sept ouvrages de référence sur la lumière, l'éclairage, la ville et le bâtiment. Enseignant en éclairage à l’ENSA Nantes et à l’ENSATT Lyon.
0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.